23/05/2017 : Violence à l’adolescence – et violence humaine en général

Philippe Gutton

"Faire violence à : contraindre quelqu'un par la force" dit le Larousse. La violence est une force de contrainte de l'autre (ou groupe d'autres) visant à lui retirer son statut de sujet. Je parlerai de la violence sous cet angle en prenant pour exemple la violence à l'adolescence. La violence y sera considérée comme une force s'opposant au formidable travail de construction de soi qu'est le processus d'adolescence : subjectivation et violence seraient d'indéniables ennemis...et pourtant l'étymologie du mot y inscrit en premier la syllabe "vie". Peut-on se trouver soi-même,se subjectiver sans une certaine violence ?
Bref, comment peuvent se conjuguer les deux forces antagonistes de la violence au sein de l'exemple de la crise adolescente.
Je traiterai ce thème à partir d'exemples cliniques de cette période et d'autres de la vie.


Philippe Gutton est psychiatre, psychanalyste, docteur en Médecine, docteur en Psychologie, docteur en Lettres et Sciences Humaines.
Professeur des Universités, il a enseigné à l’Université Denis-Diderot Paris VII dont il dirigea longtemps l’UFR de Sciences humaines cliniques puis d’Aix-en-Provence.
Fondateur en 1983 et Directeur de la Revue Adolescence.
Fondateur en 2003 et Directeur du Centre de Pratiques Familiales d’Aix-en-Provence.

Bibliographie :
Violence et Adolescence. In Press 2002

14/04/2017 : Qu'est-ce que l'art contemporain ?



Francis PARENT
 
Lien vers le diaporama et la video
https://drive.google.com/file/d/0B7G7GnSPn3J4VnAxSHdkelFra1U/view?usp=sharing

1) " Qu'est-ce que l'Art Contemporain ? "
Cette dénomination est une falsification de la langue car elle ne désigne pas  - comme son nom le laisserait supposer - la création de TOUS les artistes vivants d'aujourd'hui, mais seulement celle d'une toute petite partie d'entre eux, ceux adoubés par l'intelligentzia ( Art Press, les multiples livres, catalogues et articles à sa gloire ), l'Officialité ( surtout en France avec les DRAC, FRAC, Musées et lieux publics prestigieux " réquisitionnés" comme par exemple à Versailles ) et par le grand capital ( les artistes"importants" - comme par hasard essentiellement Américains - valent plusieurs dizaines de millions de dollars ! ). La grande majorité des artistes - qui sont tout aussi "contemporains" - son ainsi marginalisés voire éradiqués.

2 ) " Quel Art pour le 21ème siècle ? "
Compte tenu de l'explosion des diverses formes plastiques et conceptuelles de ces dernières décennies , il est bien difficile de présumer de l'avenir.
On peut toutefois avancer que :
Sauf à ce que la bulle spéculative éclate et que les formes dominantes actuelles du " n'importe quoi " s'effondrent elles aussi ( et l'on reviendrait alors à quoi ? ), il est probable que ce " n'importe quoi " s'étende encore plus avec un effacement de plus en plus fort du sensible au profit d'un conceptuel encore plus prégnant. Avec aussi des ramifications numériques de plus en plus fortes et probablement des mélanges de genres ( on assiste déjà de plus en plus à des rapprochements Art plastique / Architecture / Danse / Son... ).

3 ) " Quel est le rôle de l'artiste aujourd'hui ? "
Avec les années 68 beaucoup d'artistes ont pensé pouvoir agir, à travers leur art, dans les rouages mêmes de la société. Ce fut un échec total, le capitalisme absorbant toute velléité de renversement de son système.
Tel ou tel artiste "engagé" de l'époque, s'il n'a pas été évincé, "vaut" aujourd'hui de l'argent et concourt donc au bon fonctionnement de cette société de consommation hier contestée. Le seul rôle qui lui reste donc aujourd'hui n'est plus dans le grippage possible des rouages de la société capitaliste, mais - en particulier grâce à ces provocations actuelles - à faire " évoluer" l'ouverture d'esprit des "regardeurs" . Toutefois ceux-ci, comme les appelait Duchamp, n'étant qu'une petite élite et la grande majorité de la population se désintéressant totalement de cet art d'Avant Garde, le rôle de l'artiste parait donc bien circonscrit et bien nombriliste...

4) "Quelles sont les limites entre l'Art et la marchandisation ?"
S'il y a toujours eu un rapport "normal" entre art et marchandise, cela se faisait via un processus historique, intellectuel, formaliste... incontesté par tous les protagonistes de l'Esthétique, du marchand à l'historien en passant par les critiques. Aujourd'hui, avec le triomphe du capitalisme depuis le milieu du 20ème siècle puis son hégémonie internationaliste à la fin 20ème début 21ème ( chute de l'URSS, ouverture de la Chine... ), ces critères ont totalement changés.
Il suffit dorénavant qu'une coalition de grandes fortunes et de grands lieux d'expositions décide "d'investir" dans tel artiste pour ce que fait cet "artiste" ( y compris le n'importe quoi actuel puisque, depuis Duchamp donc, n'importe quoi peut être de l'art ) SOIT une œuvre d'art, et surtout de l'art très important. Et pourquoi très important ? Parce que son prix est très important... Un syllogisme qui évite de passer par les étapes de reconnaissance habituelles qui, dans le système actuel de profit immédiat, serait trop long. Et comme le grand capital s'est rendu compte que l'investissement dans l'AC ( ainsi que le dénomme ses contempteurs - sous-entendu; " Assez", "lassés" ! - ) était bien plus rentable que tout autre placement ( en moyenne 600 % en quelques années alors que n'importe quelle autre valeur - bourse, immobilier... -  ne prend que quelques pourcents par an ! ) il continue à maintenir à bout de bras cet Eldorado. Et cela sans contradiction possible tant sur le processus lui-même ( tout un système est derrière ça et il est bien sûr pas question de le renverser... ) que sur la qualité esthétique de la chose sauf à être considéré alors comme inculte, réactionnaire voir même "nazi"...

5) "Est-ce le pouvoir de l'argent qui décrète de la beauté ?"
Même si ce questionnement n'est pas faux ( cf. le paragraphe précédent ) il pêche dans son fondement car reposant sur la conception Kantienne du " est beau ce qui plaît universellement sans concept ". Hors on sait bien dorénavant que rien ne "plaît universellement"; par exemple la " Fountain" de Duchamp, si elle plaît aux bobos du 6ème arrondissement de Paris, a peu de chance de plaire - surtout en tant qu’œuvre d' art -  à des peuplades reculées du 1/4 monde qui ne connaissent probablement même pas l'usage premier de cet ustensile sanitaire...
De même pour le "sans concept"; consciemment ou inconsciemment c'est bien la somme des concepts façonnés par l'Histoire et la Philosophie, depuis Platon jusqu'à Marcuse ( et plein d'autres ! ) qui, aujourd'hui, façonne notre capacité à juger ce qui est censé être "beau" ou pas, compte tenu de la réserve précédente.



                                                                                                CV :
Francis PARENT est Critique  d'Art, membre de la AICA ( Association Internationale des Critiques d'Art )
Parisien dorénavant installé en Luberon
a) A d'abord été Directeur Artistique d'une galerie d'Art à Vence ( 06 )
puis successivement ou concomitamment :
b) Enseignant ( secondaire, supérieur ), conférencier en France ( Centre Pompidou et de multiples lieux d'arts ) et à l'étranger ( USA, Espagne, Grèce, Italie, Maroc, Belgique)
c) Commissaire de très nombreuses expositions collectives thématiques et personnelles dans divers Musées et lieux artistiques, en France et à l'étranger.
d) Président, ou membre de nombreux jurys en France et à l'étranger ( Président du prix de la première Biennale de Dakar, etc. )
e) Auteur de nombreuses publications ; livres chez plusieurs éditeurs, articles, études et préfaces dans diverses revues et catalogues.
f) Evènementiels divers : interviews donnés en presse écrite, radio et TV. Coordinateur artistique des 1er et 2ème Croisières d'AC en Méditerranée et aux Caraïbes. Co-commissaire du "50 Masters" pour les JO de Barcelone. Concepteur du site internet  " Artrinet ".



Livre réédité en 2016 :
« Le salon de la Jeune Peinture, une histoire 1950-1983 »,
Francis PARENT – Raymond PERROT,
Editions PATOU