L'ABOUTISSEMENT DU TRAVAIL DE DEUIL
D'UN ENFANT ORPHELIN DE PERE OU DE MERE
Aujourd’hui, nos sociétés modernes
masquent la présence de la mort, laquelle est entourée de non-dit et
d’angoisse. Chacun, qu’il soit enfant ou adulte, y fait face dans le silence;
l’idée de la mort devant être chassée. C’est dans cette société d’aujourd’hui
qui cache ses morts, que je souhaite échanger sur l’enfant et son deuil quand
il est frappé par la perte de son père ou de sa mère ou des deux.
« C’est pourquoi, quand nous
appelons cette mort familière la mort apprivoisée, nous n’entendons pas par là
qu’elle était autrefois sauvage et qu’elle a ensuite été domestiquée. Nous
voulons dire au contraire qu’elle est aujourd’hui devenue sauvage alors qu’elle
ne l’était pas auparavant. La mort la plus ancienne était apprivoisée."
(Philippe Ariès, historien.)
Dans mon mémoire de 5ème année à
l'IFAPP*, j'ai voulu repérer les éléments facilitant la traversée du deuil d’un
enfant jusqu’à son aboutissement éventuel. L'enfant n’a pas forcément acquis la
maturité intellectuelle, cognitive et affective et vit parfois dans son monde
magique. Nous savons que l’enfant a besoin de ses parents pour se construire et
s'il en est privé, il va connaître le manque ou l'absence. La perte d’un parent
très jeune est un évènement dramatique qui doit être dépassé, résolu et je me suis
souvent posé cette question : Comment y réussir et accepter l’inacceptable ?
Comment à un moment donné de sa vie, se retrouver « plus vieux » que son père
ou sa mère.
Je me suis interrogée sur ma
problématique :
Quels
sont les facteurs favorisant l’aboutissement d’un travail de deuil d’un enfant
devenu orphelin de père ou de mère ?
Comment s'élabore le travail de deuil ?
(notions de « mort » et de « deuil »). Perdre la personne aimée est un
phénomène réel. D’un coup s’opère une disparition brutale d’un élément
essentiel de l’environnement de l’enfant. Qui perd-il ? Comment ? À quel moment
de son développement ? Les circonstances de la mort vont-elles influencer son
travail de deuil ? Quelles sont les spécificités du deuil par son statut
d’enfant ? Le deuil est un chemin de vie indispensable, mais parfois long et
inabouti. Des étapes sont à franchir : lesquelles et comment ? Le concept de
mort, comme un processus naturel et universel, irréversible finira par lui être
acquis. Mais la tâche bien difficile d’accepter la perte définitive d’un être
cher n’est pas gagnée. Je m’interroge sur les étapes qu’il va devoir traverser
et comment elles peuvent être dépassées ou pas, voire jamais. L’enfant est
frappé précocement par la perte d’un être cher alors qu’il n’a pas acquis les
fondations solides de sa structure et qu’il doit mettre en place des mécanismes
de défense. Lesquels sont parfois utilisés ?
Des facteurs d’origine interne (ses
ressources propres) et d'autres d’origine externe (son environnement) vont l'aider.
En effet, l’enfant a son propre développement et ses capacités personnelles,
mais la construction de son monde intérieur sera en lien avec son
environnement. La mort va nécessiter un travail psychique plus ou moins long.
Mais que se passe-t-il chez l’enfant qui n’est pas encore parfaitement en
mesure de distinguer le monde imaginaire de la réalité et pour qui la perte ou
l’absence d’un père ou d’une mère a du mal à être élaboré psychiquement ? Que
va-t-il lui être nécessaire pour traverser et dépasser cette épreuve ? Quel
processus intérieur va se mettre en place ? Quels sont ces éléments
facilitateurs ? La perte d’un père ou d’une mère peut-elle être considérée
comme un traumatisme pour l’enfant ? Quelles sont les incidences psychiques
possibles selon son stade de développement . Il y a une phase d'individuation à
construire. Comment peut-il tomber dans le deuil compliqué ou pathologique ?
Le deuil nous questionne, en lien avec
de nombreux sujets comme le destin, la religion, les rituels, le symbolisme...
Bref le sens de nos vies et de l'humanité. On cherche tous les clefs pour
continuer à vivre, être épanouis malgré nos souffrances.
*I.F.A.P.P : INSTITUT DE FORMATION à la PSYCHANALYSE et la PSYCHOTHERAPIE
Michèle
VERGULDEZOONE
PROFESSEUR DE BIOTECHNOLOGIE et PSYCHANALYSTE