La relation sensible à
l’objet.
Patrick Ochs - Café Philo du
14 mai 2019
Dans cette causerie nous souhaitons aborder la relation
sensible à l’objet.
Par relation nous entendons une liaison, un lien. Pour Kant « la relation est une des fonctions de
la pensée ».
La sensiblité correspond, pour
nous à une réalité subjective : est subjectif ce qui dépend de moi, qui ne vaut que pour moi : l’émotion est
un phénomène subjectif. Est objectif ce qui peut être connu de la même manière
par tout le monde et qui est valable pour tous, en accord de pensée avec le
réel mais aussi avec l’expérimentation.
Par sensible (lat. sensibilis) nous entendons ce qui
peut être perçu par les sens mais aussi ce qui est saisissable par l’intuition.
La sensibilité peut avoir une
signification interne : il s’agit alors d’un sentiment ou d’une forme d’affectivité.
La sensibilité externe quand à elle fait référence aux sensations.
Pour Platon le sensible revêt
deux significations : tout d’abord la capacité pour un objet d’être perçu
par l’intermédiaire de la sensation (aisthësis) et la qualité de cet objet mais
aussi le sensible comme l’ensemble de toutes les réalités susceptibles d’être
perçues par les sens.
Ne faut-il pas « effleurer la surface des choses »
comme le soulignait G. Simmel pour que le sujet éprouve une relation
sensible à l’objet ?
Nous souhaiterions nous
interroger sur cette relation sensible à l’objet.
Reste-t-elle uniquement
tactile ? Est-elle aussi virtuelle ? Est-elle imaginaire ?
Comme le soulignait G. Bachelard.
« …L’imagination est une des formes
de l’audace humaine ».
Nous pouvons de manière générale
appeler « objet » toute chose, voire toute représentation dont nous
sommes conscients : l’objet est ce qui est appréhendé par un sujet.
Les objets changent, évoluent, se
transforment. Parfois même ces objets nous conduisent à modifier notre attitude
et notre comportement.
En effet, notre rituel quotidien
qui nous relie à notre téléphone portable et ses multiples facettes conforte
l’idée de Jean Baudrillard « l’objet
n’épuise pas son sens dans sa matérialité et dans sa fonction pratique ».
Ainsi, les objets deviennent à la
fois plus complexes et plus intelligents et notre relation sensible, qu’elle
soit « haptique ou optique »
évolue.
Lorsque notre relation à l’objet
est haptique elle se rapporte à la
sensation de toucher « au palpable ». Irons-nous jusqu’à caresser
l’objet aimé ? Cet objet qui prend
sens, qui a une histoire, que représente-t-il pour nous ? Quelle relation
sensible ? Tissons nous des liens avec lui ?
Notre relation à l’objet est optique lorsque, par exemple, nous
surfons sur internet et que le visuel domine. Pouvons-nous établir une relation
sensible face à un clavier d’ordinateur ?
Notre relation à un objet « vivant et communiquant » est intéressante à bien des égards.
Combien de fois avons nous entendu : « j’ai la main verte, je parle avec mes plantes ».
Existe-il alors un lien ou un
fossé entre nous et un objet ? Notre relation change-t-elle dès lors que
l’objet est possédé, que nous en avons la propriété, ou lorsque nous n’en avons
que l’usage ?
Pouvons-nous établir une relation
sensible avec une machine industrielle ?
Quelle est aujourd’hui notre
relation à l’objet ? Est-elle sensible
lorsque l’objet est naturel, fonctionnel, symbolique, voire même complexe.
Qu’en est-il alors de la relation sensible à l’objet matériel, tangible ?
Et lorsque nous nous engageons dans une relation à un objet non palpable, immatériel notre relation est-elle
sensible ou pas ?
Et lorsque via le bon coin, ou un
vide grenier nous offrons une nouvelle vie à un objet qu’en est-il de notre
relation avec celui-ci : sensible ou pas ?
Et pour conclure.
En hommage à Gaston Bachelard qui
soulignait en 1939 « …Le sujet
étonné voit soudain qu’il a construit un objet. »