Le
10 décembre est chaque année, la journée des Droits de
l’homme. L’égalité en fait partie.
RICHES
ET PAUVRES SUR LA TERRE
Dans
quelle mesure, l’inégalité entre les hommes est-elle acceptable ?
Anne
VINCENT avec l’aide de Pierre-Jean DESSERTINE
INTRODUCTION :
DES CHIFFRES QUI NOUS FONT BONDIR
Des
richesses générées en 2017, 82 % ont profité aux 1 % les plus
riches de la population mondiale,
alors que les 3,7 milliards de personnes qui forment la moitié la
plus pauvre de la planète n’en ont rien vu. Source : Rapport
OXFAM 2019 sur « Partager la richesse avec celles et ceux qui la
créent »,
10%
de la population du monde vit ENCORE dans l’extrême pauvreté
(moins d’1.9 dollars par jour en parité)
En
France le taux de pauvreté a augmenté en 2018 : Selon
les estimations de l'Insee, 14,7% de la population en France (+
0,6 point sur un an) aurait un niveau de vie inférieur au seuil
de pauvreté en
2018 (1000€ pour une personne seule, 2500 € pour une famille
avec 2 enfants. Source INSEE.
Le
29 juillet 2019 est le jour où l'humanité a épuisé toutes les
ressources naturelles normalement disponibles pour une année
entière.
Elle vit donc désormais "à
crédit",
selon Global Footprint Network.
Celles-ci
ont été principalement utilisées par les pays riches :
La France utilise chaque année presque 2 fois plus de ressources
naturelles que ce qu’elle produit. La Suisse et l’Italie presque
5 fois et le Japon plus de 7 fois !!
Pierre-Jean
Dessertine :
Il
est intéressant de noter que ce n’est pas tant le
fait
des inégalités dans l’appropriation des biens que l’excès
effarant
de
ces inégalités
que
ces chiffres mettent en évidence,
D’autre
part la référence à la surexploitation des biens naturels (biens
rendus disponibles par la vitalité de la biosphère) amène à faire
un
lien entre 2 excès :
celui dans les relations entre les hommes et celui dans les relations
de l’homme avec son environnement naturel,
L’excès
est l’effet de l’incapacité à se donner des limites dans la
satisfaction de ses désirs. On
peut donc retenir que le problème contemporain des inégalités est
lié à une culture de l’excès.
Rappelons que pour les anciens grecs qui ne
connaissaient pas le péché, l’excès (hubris) était la faute
morale par excellence.
- L’EGALITE, UN PRINCIPE DEVENU UNIVERSEL
L’égalité
est une valeur ; Comme on l’a vu dans l’exposé de
septembre, le fonctionnement démocratique renforce l’égalité.
Si
l’égalité est une valeur partagée, les inégalités peuvent
devenir insupportables.
En
Grèce antique, l’égalité était donc déjà une valeur partagée
par les démocrates de l’époque mais elle ne concernait que le
groupe social concerné mais il pouvait y avoir de graves inégalités
avec les autres groupes sociaux jusqu’à l’esclavage !!!
En
France, c’est la révolution de 1789 et l’abolition des
privilèges qui est à l’origine d’une notion d’égalité
concernant toute la population du pays.
L’égalité figure dans l’article 1er
de la déclaration des Droits de l’homme et du citoyen de 1791,
elle-même Inspirée
de la déclaration de l'indépendance américaine de 1776 et de
l'esprit philosophique du XVIIIème siècle. Ses
dispositions font donc partie du droit
positif français,
et se placent au plus
haut niveau de la hiérarchie
des normes en
France.
La
Déclaration de 1789 inspire, au XIXème siècle, des textes
similaires dans de nombreux pays d'Europe et d'Amérique latine.
Le
10 décembre 1948, les 58 États Membres des Nations-Unies
qui constituaient alors l’Assemblée générale ont adopté la
Déclaration universelle des droits de l’homme à Paris au Palais
de Chaillot, donnant une
portée universelle
à cette notion d’égalité, dès l’article 1er
« Tous
les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en
droits »
Arrive-t-on
pour autant à limité les inégalités ?
- LA NOTION D’INEGALITES
2.1
D’UN POINT DE VUE SOCIOLOGIQUE :
« La
difficulté de la notion d’inégalité sociale est qu’elle
constitue en soi un objet
ambivalent Une
inégalité est plus qu’une différence, mais moins qu’une
injustice.
Ainsi,
loin d’être une notion claire et objective, l’inégalité
sociale est une
notion floue et normative,
sujette à des controverses philosophiques et des débats entre les
acteurs1.
2.2
D’UN POINT DE VUE PHILOSOPHIQUE
Pierre-Jean Dessertine :
Pour
clarifier l’ambivalence de la notion, il faut distinguer l’ordre
des faits
(ce
qui se constate)
de l’ordre
du droit (ce qui sert de norme).
L’introduction
mettait en évidence des faits
d’inégalités choquant.
Par
contre la notion d’égalité comme principe du droit, telle qu’elle
est employée dans la Constitution, signifie que la loi est égale
pour tous. C’est donc d’abord l’affirmation de l’abolition
des privilèges et la reconnaissance des droits fondamentaux de
l’être humain à tous les citoyens.
Les
Grecs appelait cette égalité en droit isonomia
– ce qui signifie « égalité par la loi » - :
ils affirmaient par là le rejet de la tyrannie par le partage égal
de la capacité à gouverner.
D’où
2 remarques :
-
L’égalité de droit n’implique pas l’égalité de fait,
-
Pourtant il y a des liens puisque une égalité de droit devrait
faire circuler les inégalités de fait. Ainsi une inégalité de
fait excessive, ou trop facilement transmissible et durable interroge
le principe d’égalité de droit – il faut alors soupçonner les
principes républicains d’ être subvertis par des lois
particulières qui laissent l’espace pour que s’installent des
privilèges (lobbies, corruption, échappement à l’impôt,
surfacturation, etc.)
2.3
D’UN POINT DE VUE SOCIO-ECONOMIQUE :
Les
inégalités sont vues de deux grands points
de vue : celles qui concernent les
richesses matérielles (argent et biens) appelées
inégalités économiques, et
celles qui sont liées à l’accès à des
ressources sociales incluant
toutes les possibilités d'actions humaines : politique, économique,
culturelle, sociale, sexuelle, etc.
Les
inégalités économiques sont plus
faciles à examiner car liées directement à des comparaisons
d’ordre monétaire.
Les
inégalités sociales sont
d’ordres beaucoup plus variés. L’on peut citer les domaines de
la santé et de l’espérance de vie, mais aussi la scolarité, la
culture et les statuts respectifs de l’homme et de la femme, ou
encore les origines ethniques…. Des indicateurs parfois complexes
sont nécessaires pour en suivre l’évolution.
Au
niveau mondial, des objectifs de réduction des problèmes sociaux
les plus importants, ont été défini en 2000 par les Nations-Unies.
On les appelle les OMD : objectifs du
millénaire pour le développement.
Il était prévu de les atteindre ou tout au moins d’en mesurer les
progrès en 2015.
Ils
concernent notamment la grande pauvreté, la faim, l’éducation
primaire, l'égalité
et l'autonomisation des femmes,
la santé avec la réduction de
la mortalité
infantile
et maternelle, et le combat contre les maladies. L’intérêt au
niveau des inégalités porte sur le fait que des indicateurs de
suivi ont été mis en place quasiment au niveau mondial.
Depuis
ils ont été remplacés par les ODD
(objectifs de développement durable) plus nombreux et recouvrant un
champ plus vaste :
- QUEL EST LE SENTIMENT ACTUEL DES POPULATIONS EN FRANCE ET DANS LE MONDE PAR RAPPORT A LA CROISSANCE DES INEGALITES ?
Ce sentiment est partagé par beaucoup de français,
mais aussi dans le monde :
En
2017, 26 000 personnes dans 28 pays ont été interrogées à ce
sujet. Sur l’ensemble de cette population :
- 20 % pensent, à raison, que, durant les 2 dernières décennies, la pauvreté extrême a diminué dans le monde ;
- 28 % ne savent pas ou estiment qu’elle n’a pas évolué ;
- La majorité - 52 % - pensent à tort que la part de la population vivant dans une pauvreté extrême a augmenté dans les deux dernières décennies.
Source
Banque Mondiale
En France
également :
Plus
de trois Français sur quatre (78%) estiment que la société
française est inégalitaire, selon le
baromètre de la "société inclusive"* réalisé par
l'institut Kantar Public pour la Fédération des Pupilles de
l'enseignement public (PEP), publié en janvier 2019.
L'accès
aux soins, l'emploi et le logement sont les domaines dans lesquels
les inégalités sont jugées les plus graves:
Toujours
dans cette enquête : le principe d’égalité entre tous les
citoyens reste le principe républicain le plus important aux yeux
des Français, suivi de la liberté d’expression et de la laïcité
qui recule cependant en 2018.
- ET PLUS OBJECTIVEMENT ?
4.1
UNE EVOLUTION MONDIALE DES RAPPORTS ENTRE LES PAYS DE LA PLANETE
C’est
en 1952, que le monde a été symboliquement partagé en trois :
les pays
développés :
Amérique du Nord, Europe de l'Ouest, Japon, Australie…, les pays
du bloc communiste, ou second monde :
URSS, Chine, Europe de l'Est…).
et les autres dits «sous-développés » qui forment le
tiers-monde.
Les
pays développés avaient pour la plupart profité de la révolution
industrielle du 19ème
et de la domination d’autres territoires (dont la colonisation).
Leur PIB (on reviendra sur cet indicateur) était déjà important.
Concernant les pays du bloc communiste, on ne savait pas trop ce qui
s’y passait à l’époque.
Quant
aux pays sous-développés c’est l'ensemble des
pays africains, asiatiques, océaniens ou
du continent
sud- américain en
carence de développement.
On les appelle maintenant
pays
les moins avancés (PMA).
Ils
ne sont plus que 47 PMA : 33 en Afrique, 9 en Asie (coincés entre
les 3 grands, Chine Russie Inde), 4 en Océanie et 1 en Amérique
(Haïti) sur 193 pays reconnus par l’ONU.
Quasiment
toute l’Amérique latine ou centrale, de nombreux pays d’Asie
dont l’Inde et les pays de l'ancien bloc communiste et quelques
pays d’Afrique ne sont plus des PMA mais font partie des Pays
émergeants. Ce
sont les pays
dont le PIB (produit intérieur brut) est inférieur à celui des
pays développés, mais qui connaissent une croissance économique
rapide et importante, et leur niveau de vie et les structures
socioéconomiques convergent vers ceux des pays développés.
Ensemble,
ils représentent près
de 50 % de la richesse créée dans le monde et les deux tiers de sa
population.
Parmi eux, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud)
sont les figures de proue, mais les MINT (Mexique, Indonésie,
Nigeria et Turquie) constituent d'autres économies émergentes de
premier ordre.
Globalement
Il y aurait donc de grands progrès en matière de développement sur
notre terre ? Essayons de voir comment évoluent les inégalités
durant cette croissance rapide, toujours selon les points de vue
sociaux et économiques
4.2
Les inégalités sociales
4.21
Dans le monde
(Rappel
des résultats de l’étude Banque Mondiale, 52% croient que la
pauvreté continue à augmenter)
Le
bilan des OMD montre notamment pour la période 2000-2015, une
baisse des taux de
grande pauvreté et de malnutrition, de mortalité infantile et
maternelle et un accroissement des % d’enfants scolarisés.
Mais ce n’est jamais gagné, par exemple,
concernant la sous-alimentation, après des années de baisse
continue notamment de 2003 à 2015 on constate une remontée en
2016. Le changement climatique y est pour quelque chose. Aussi les
nouveaux ODD des objectifs à l’horizon 2030 qui prolongent les OMD
concernent également les modes de production, les écosystèmes etc…
4.2.2
En France :
Beaucoup
d’études ont été faites sur les inégalités sociales depuis les
années 60.
2
livres notamment ont fait référence :
Celui
de Bourdieu et Passeron « Les héritiers » paru en 1964
qui montre la reproductibilité sociale des inégalités.
Dans
cet ouvrage, Pierre Bourdieu montre l'existence, dans la société,
de sous-groupes différents face à la culture. Et notamment l’accès
aux études supérieures et il souligne l’importance de la culture
apprise en dehors de l’école.
A
l’époque du livre, un enfant d’ouvrier
avait 42 fois moins de chance d’entrer à l’université qu’un
enfant de cadre supérieur. Aujourd’hui il a toujours 42 fois moins
de chances…. d’entrer dans une école normale supérieure2.
L’on peut dire que le problème a juste été déplacé avec la
démocratisation des études supérieures !
Et
« Toujours plus ! » de François de Closet paru en 1984 :
« Au
nom de l'égalité, les 54 millions de Français se proclament tous
défavorisés et réclament plus d'argent mais aussi plus de droits,
d'avantages, de loisirs et de garanties. "Toujours plus !"
Au terme d'une enquête sans précédent, François de Closets dresse
le nouveau palmarès des inégalités
révélant les Français qui jouissent des plus hauts revenus, mais
également ceux qui bénéficient de la sécurité de l'emploi, des
rentes de situation, des privilèges fiscaux, des positions de
monopole, du travail agréable, du temps libre, des protections
renforcées, des promotions assurées, des avantages en nature, des
statuts confortables et des primes généreuses. Ainsi
est mise en évidence l'existence d'une France à l'abri de la crise,
une véritable "privilégiature" qui englobe tout à la
fois riches héritiers, opulents notaires, gros céréaliers et, plus
modestes, les salariés des banques, d'E.D.F. ou des grandes
entreprises. A l'opposé de ces puissantes corporations se trouve la
France faible et inorganisée, celle des petits patrons, des
ouvriers, des travailleurs précaires ou sans emplois.
Preuves à l'appui, chiffres en main, c'est la coupure en deux de
notre société qui est ici dénoncée ». Nous
sommes seulement en 1984 et l’on a un fort sentiment d’actualité
en lisant ces lignes.
Mais rappelons
qu’actuellement, l’indice
des inégalités et le taux de pauvreté ont augmenté
en 20183.
La France n’avait plus connu un tel accroissement depuis 2010.
L’écart
de niveau de vie des 20% de personnes les plus aisées avec celui des
20% les
plus modestes a
également légèrement augmenté. Le taux de pauvreté monétaire,
calculé en fonction
du nombre de personnes sous le seuil de pauvreté (égal à 60% du
niveau de vie médian) a augmenté de 0.6 point, pour atteindre 14,7%
de la population française.
En 2018, 9,3 millions de Français seraient ainsi en situation de
pauvreté monétaire.
4.3
Les inégalités économiques :
4.3.1
LA QUESTION DE LA MESURE DE LA RICHESSE
-
Le sacro-saint PIB
L’outil
de mesure des richesses, le plus ancien est le PIB crée en 1934
Le
Produit Intérieur Brut
(PIB) est la somme de la valeur ajoutée brute de tous les
producteurs résidents d'une économie (un pays, un ensemble de
pays…), plus toutes taxes sur les produits plus la valeur de la
production des services publics et moins les subventions non incluses
dans la valeur des produits.
Cependant
cet indicateur ne mesure que la richesse, ni le bien être, ni les
nuisances produites et ne prend pas en compte toute l’économie
informelle et le bénévolat.
Malgré
les critiques, il continue à être utilisé comme indicateur de
référence même si d’autres indicateurs ont été générés. Tel
que L'Indice
de Développement Humain
(IDH) crée en 1990 se fondait sur trois critères :
le PIB
par habitant,
l'espérance
de vie à la naissance et
le niveau d'éducation des
enfants de 17 ans et plus. Et
depuis 2010 il existe un Indice
de développement humain ajusté selon les inégalités (IDHI).
- Les mesures du World Inequality Lab
Avoir
une mesure fiable des inégalités en matière de richesses afin de
suivre leur évolution est une question complexe car de nombreux pays
ne publient pas (et parfois même ne produisent pas) de statistiques
détaillées et cohérentes sur les inégalités de revenus et de
patrimoines. Les méthodes classiques de mesure des inégalités
s’appuient souvent sur des enquêtes auprès des ménages, qui
sous-estiment généralement les revenus et les patrimoines en haut
de l’échelle sociale.
Une
équipe mondiale de plus de 200 chercheurs regroupés au sein du
World Inequality Lab a cependant mis au point
une méthode d’évaluation les inégalités économiques mondiales.
« Cette méthode novatrice combine de manière systématique et transparente toutes les sources de données à notre disposition : revenus et patrimoines totaux estimés dans les comptabilités nationales (y compris, dans la mesure du possible, des estimations sur les avoirs offshore) ; enquêtes déclaratives sur le revenu et le patrimoine des ménages ; données fiscales issues de l’impôt sur le revenu ; données fiscales et administratives sur les successions et les patrimoines (quand elles existent) ; et classements des grandes fortunes »
« Cette méthode novatrice combine de manière systématique et transparente toutes les sources de données à notre disposition : revenus et patrimoines totaux estimés dans les comptabilités nationales (y compris, dans la mesure du possible, des estimations sur les avoirs offshore) ; enquêtes déclaratives sur le revenu et le patrimoine des ménages ; données fiscales issues de l’impôt sur le revenu ; données fiscales et administratives sur les successions et les patrimoines (quand elles existent) ; et classements des grandes fortunes »
Je
me suis appuyée sur le Rapport sur les
Inégalités mondiales qu’ils ont publié
récemment
C’est
le premier rapport, de ces chercheurs réunis au sein du projet World
Wealth and Income Database (WID, une immense base de données sur le
patrimoine et le revenu), parmi lesquels l’économiste français
Thomas Piketty.
4.3.2
LES INEGALITES ECONOMIQUES AU NIVEAU MONDIAL
Les
inégalités économiques se creusent
Selon
ces chercheurs, depuis une quarantaine d’années, les inégalités
augmentent dans presque tous les pays du monde. Depuis les années
1980, affirment-ils, les 1 % les plus riches ont profité deux
fois plus de la croissance des revenus que les 50 % les plus
pauvres. Et pour ceux qui sont entre les deux (les classes moyennes),
les revenus ont soit stagné, soit baissé.
En
2016, le centile supérieur (les 1 % des revenus les plus élevés) a
perçu 22 % du revenu mondial, contre 10 % pour les 50 % des plus bas
revenus.
En 1980, le centile supérieur a perçu 16 % du revenu mondial, contre 8 % pour les 50 % des plus bas revenus.
En 1980, le centile supérieur a perçu 16 % du revenu mondial, contre 8 % pour les 50 % des plus bas revenus.
Ces
dernières décennies, les inégalités de
revenus ont crû dans presque tous les pays,
mais à des rythmes différents, Le développement des pays
émergeants (Inde, Chine) a entrainé une croissance des inégalités
dans ces pays mais de nombreuses personnes sont sorties de la
pauvreté. Aux Etats Unis par contre, les inégalités se sont
creusées fortement et la pauvreté a augmenté.
En
France : Les
inégalités de revenus qui ont été au plus haut (47%) avant la
dernière guerre ont baissé. Depuis 1990
elles restent presque stationnaires avec les 10% les plus riches
possédant 33% du revenu national4.
En France et en Europe les inégalités de revenu et de patrimoine
ont davantage été contenues que dans d’autres parties du monde.
Les revenus de transfert (protection sociale) ont notamment joué
leur rôle.
Ces
dernières années on a voulu nous faire croire que continuer à
enrichir les riches (ex : suppression de l’ISF) allait
développer l’emploi pour tous mais les résultats palpables
tardent à venir. Même si le taux de chômage diminue c’est la
qualité et la rémunération des emplois proposés qui sont en cause
avec la création d’une classe de « travailleurs pauvres ».
Actuellement 1 million de français ayant un emploi vivent en dessous
du seuil de pauvreté (60% de la médiane des niveaux de vie,
actuellement 1000 euros)
- JUSQU’OU ACCEPTERA T’ON LES INEGALITES ?
5.1
Les façons de ne pas accepter
Pierre-JeanDessertine.
L’inégalité
est-elle en soi une mauvaise chose ?
L’inégalité
est une différence qui permet la comparaison parce qu’elle porte
sur des caractères de même nature : taille, poids, couleur de
cheveux, richesse, niveau d’éducation, etc.
Dès
lors on est tous inégaux parce que l’on est tous différents, et à
de multiples points de vue,
On
peut admettre que la racine du problème de l’inégalité est dans
la tête de celui qui compare dans la mesure où il met dans la
comparaison un jugement de valeur.
Comment
l’inégalité devient-elle un problème social ?
Lorsqu’elle
est vécue comme injuste.
Si
l’inégalité est un fait, la justice
est une valeur
– c’est même la valeur fondamentale par laquelle on juge la vie
sociale. Notre rêve à tous d’une société bonne est celui d’une
société juste !
L’inégalité
ne devient un problème qu’à partir du moment où elle heurte la
valeur de justice – qu’à partir du moment où elle apparaît
comme une injustice.
Notre
véritable problème est l’injustice
aujourd’hui dans le monde, abordée,
non du côté de la naissance et des dispositions naturelles de
chacun, non du côté de la violence et des persécutions, non du
côté des malheurs contingents qui peuvent accabler les uns et
épargner les autres (tremblements de terre, cyclones, pluies
dévastatrices, volcanisme etc.) mais du
côté des inégalités sociales installées.
C’est
pourquoi l’on ne peut pas réfléchir valablement sur les
inégalités comme problème social sans essayer d’éclairer la
manière dont s’origine le jugement d’injustice.
Or,
le jugement d’injustice a une origine, soit subjective, soit
objective.
-
Subjectivement, les pauvres se rebellent par sentiment d’injustice,
ou le quidam se révolte par sentiment altruiste spontané en voyant
l’indifférence au sort du laissés-pour-compte. C’est ce que
Rousseau appelait notre « pitié naturelle » de laquelle
il déduisait une solidarité humaine fondamentale, antérieure aux
vices égoïstes liés au développement des sociétés.
-
Objectivement, il relève du droit sociétal, où des principes qui
l’inspirent en tant qu’ils sont validés par l’ensemble de la
société.
Par
exemple Locke écrivait en 1690 que, s’il est légitime que l’homme
qui travaille un produit de la nature en acquiert la propriété, il
doit se poser comme limite «
que
les autres disposent en quantités suffisantes, de biens communs de
même qualité ». Autrement
dit l’injustice advient dès lors que ton appropriation met l’autre
dans le besoin.
Benjamin
Constant
précisait, au début XIXème que la pauvreté ne doit jamais devenir
telle qu’elle empêche un individu d’exercer ses libertés
publiques. Là était son critère d’injustice.
L’américain
John Rawls a théorisé ainsi la société juste (Théorie de la
justice, 1971) :
-
Chacun a droit au système de liberté le plus étendu qui reste
compatible avec la liberté des autres.
-
Admettre les inégalités de conditions économiques et sociales -
sinon on a nécessairement un système dirigiste centralisé avec ses
perversions : absence de liberté des individus et apparition
d’une caste bureaucratique privilégiée.
-
Choisir le système qui rend le sort des défavorisés le moins
inacceptables possible, et pour cela toujours penser l’organisation
de la société comme si nous ignorions la place qu’elle nous
réservera, comme si nous pouvions nous retrouver-parmi les plus
défavorisés,
Cette
théorie est intéressante parce qu’elle déplace le critère
d’évaluation de l’injustice. Au lieu de s’en tenir à une
application objective de principes, elle introduit un motif
empathique, c’est-à-dire subjectif : celui qui souffre le
plus de l’inégalité ce peut être moi, ça a été moi, du moins
en quelque lointain passé ceux de ma lignée, ce dont j’ai
nécessairement quelque traces mnésiques en moi.
Si
bien que la vérité de la justice est peut-être bien en chacun de
nous, subjective donc, tout simplement parce que nous avons une
connaissance, un vécu, de l’intolérable de l’injustice.
Proudhon
(1858) : « La JUSTICE est (…) le respect, spontanément
éprouvé et réciproquement garanti, de la dignité humaine, en
quelque personne et dans quelque circonstance qu'elle se trouve
compromise et à quelque risque que nous expose sa défense. …s'il
y a aussi souvent opposition que solidarité d'intérêts entre les
hommes, il y a toujours et essentiellement communauté de dignité,
chose supérieure à l'intérêt.,, Je dois respecter et faire
respecter mon prochain comme moi-même, »
5.2
Des signes de non acceptation
5.2.1
D’un point de vue « subjectif » Les populations :
En
France : le ras le bol exprimé par les
gilets jaunes est parti d’une goutte d’eau,
l’augmentation de la taxe sur les carburants ce qui en soi est une
mesure logique dans un contexte de réchauffement climatique. Mais
celle-ci a fait déborder le vase.
Des
mouvements de protestation ont lieu un peu partout dans le monde :
Hong-Kong, Liban, Irak, Chili….. Certains y voient un signe de
craquement généralisés de l’économie libérale
5.2.2
Et d’un point de vue « objectif », des chercheurs :
nous alertent
Notamment
ceux réunis au
sein du projet WID,
(base de données sur le patrimoine et le revenu), parmi lesquels
l’économiste Thomas Piketty. Pour eux L’inégalité a des
conséquences importantes sur la pauvreté dans le monde
Si
tous les pays suivent la trajectoire d’inégalité de l’Europe
entre 1980 et 2016, le revenu moyen de la moitié la plus pauvre de
la population mondiale sera de 9 100 euros en 2050. Les estimations
de revenus sont calculées en euros en appliquant la parité de
pouvoir d’achat (PPALa PPA tient compte de la différence du coût
de la vie d’un pays à l’autre. Les valeurs sont nettes
d’inflation.
Mais
aussi,
pour Kate Pickett et Richard Wilkinson5,
l’essentiel des maux dont souffrent nos sociétés est profondément
lié aux inégalités. « Dans
leur immense majorité, avec une grande constance, (nombres d’études)
confirment que les sociétés inégalitaires font moins bien que les
autres. Et la force des preuves en ce sens nous oblige à conclure
que, au-delà de la simple corrélation statistique, nous sommes en
présence d’un lien de nature causale. L’accroissement de
l’inégalité nuit aux sociétés : il dégrade la santé et le
bien-être humains. » L’inégalité
expliquent-ils, agit notamment sur tous les problèmes dotés d’un
gradient social, « c’est-à-dire
ceux qui deviennent plus fréquents lorsqu’on descend l’échelle
sociale »,
comme nombre de problèmes de santé (obésité, alcoolisme,
diabète…), la violence, le mal-être des enfants, le taux
d’incarcération, les maladies mentales et les problèmes
psychologiques, la toxicomanie…: là où les disparités de revenus
sont plus marquées, la population dans son ensemble souffre plus
fortement de la compétition sociale et du déficit de confiance en
soi
- DES SOLUTIONS : 6.1 Analyse rapide des causes :
Le
rapport OXFAM , « Partager la richesse avec celles et ceux qui la
créent », publié, à la veille du Forum économique mondial qui
rassemblera le gotha du monde politique et des affaires à Davos, en
Suisse.
Ce
rapport montre comment le système économique mondial permet à une
élite fortunée d’accumuler d’immenses richesses, tandis que des
centaines de millions de personnes peinent à survivre avec un
salaire de misère.
Il
précise les principaux facteurs qui contribuent à accroître les
rémunérations des actionnaires et des dirigeant-e-s d’entreprise
au détriment du salaire et des conditions de travail : l’érosion
des droits des travailleurs, l’influence excessive des grandes
entreprises sur les politiques publiques et la constante volonté des
entreprises de réduire au minimum les coûts pour maximiser les
dividendes des actionnaires.
Il
comprend des chiffres-choc pour nous faire réfléchir : exemple
• Le
patrimoine des milliardaires a augmenté en moyenne de 13 % par an
depuis 2010, soit six fois plus vite que la rémunération des
travailleuses et travailleurs, qui n’a progressé que de 2 % par an
en moyenne. Entre mars 2016 et mars 2017, le nombre de milliardaires
a augmenté plus rapidement que jamais, à raison d’un nouveau
milliardaire tous les deux jours.
Cependant
les modes de calcul de ce rapport sont parfois critiqués (par ceux
qu’il dérange ? )
6.2
Des chercheurs proposent des solutions
- Sortir de la pauvreté avec Esther Duflo
- diminuer les inégalités avec Thomas Piketty
- et/ou changer de système avec Gaël Giraud…..
Esther
Duflo
prix Nobel d’économie 2019 et gloire locale (sa grand-mère
maternelle vivait à Cucuron), propose des solutions pour diminuer la
pauvreté : L'originalité d'Esther Duflo
et de ses deux collègues chercheurs, son mari Abhijit Banerjee et le
chercheur à Harvard Michael Kremer, réside dans leur approche
expérimentale de la lutte contre la pauvreté.
"L'idée est de dépasser les grandes questions générales et
de composer ça en une série de problèmes beaucoup plus spécifiques
et particuliers comme, par exemple, 'Pourquoi les enfants vont à
l'école mais n'apprennent pas grand-chose ?'".Une fois la ou
les questions posées, les chercheurs tentent de trouver une solution
pour répondre aux problématiques spécifiques. Pour
cela, ils essayent, explique Esther Duflo, "d'adopter une
approche scientifique et en particulier de tester des solutions avec
une méthode expérimentale qui ressemble à celles des essais
cliniques pour les nouveaux médicaments".
Cette méthode, proclament ses partisans, les « randomistes »,
a l’ambition de révolutionner les sciences économiques et les
politiques sociales, de les sortir des carcans idéologiques, pour
les faire entrer dans le pragmatisme et l’efficacité. En testant
« ce qui marche » avec une rigueur inégalée, l’économie
du développement entrerait dans l’âge de la science.
D’autres
chercheurs, notamment Agnès Labrousse et
Arthur Jatteau6,
économistes ont étudié les expérimentations aléatoires
ou randomisées. Ils constatent que ce type d’étude dans un milieu
ouvert n’est pas évident : Il y a des
risques concernant la rigueur des données et
les liens de causalité De plus, les résultats ne sont pas
transposables dans des contextes forcément différents.
Enfin il est possible que
le simple fait que des individus soient inclus dans une
expérimentation aboutisse à modifier leur comportement.
L’AFD
après avoir été enthousiaste, a abandonné ce type d’études et
revient sur des évaluations plus qualitatives.
Ces
méthodes semblent déconnectées de la réalité politique. Est-ce
une manière de ne pas la remettre en question ? Ce n’est pas
le cas d’autres chercheurs.
Thomas
Piketty pense
que si la mondialisation a sorti des centaines de million de
personnes de la pauvreté, elle ne parvient pas à juguler la
croissance spectaculaire des inégalités. Pour
lui,
l’inégalité n’est pas économique ou technologique, elle est
idéologique et politique.
Il veut
montrer que les régimes inégalitaires, tel celui dans lequel nous
vivons, ne sont pas irréversibles, et que les inégalités sociales,
loin d’être naturelles, sont construites au XXIe siècle
par un «récit
propriétarise, entrepreneurial et méritocratique».
«Chaque
société invente un récit idéologique pour justifier
ses inégalités» Libération sept 2019
Il
défend l’idée qu’on peut dépasser la propriété privée en
instaurant une autre forme de propriété, sociale et temporaire,
notamment concernant les entreprises de
plafonner à 10 % les droits de vote de tout actionnaire individuel.
Cela obligerait à une plus grande délibération, une plus grande
circulation du pouvoir, des idées.
Il
propose également de taxer à
90% les plus hauts revenus
Il
parle de « dépasser le capitalisme »
Philipe
Aghion7,
un autre
économiste répond à Piketty que « taxer les riches ne
suffit pas »
Pour
lui l’idéologie ne fait que justifier le changement, il croit
davantage à la régulation du capitalisme avec la redistribution et
la mobilité sociale. Pour lui plus la mobilité sociale est grande
moins on constate d’inégalités globales. Il différentie la
fortune obtenue suite à une innovation (ex Steve Job) et celle qui
est une rente dont le propriétaire empêche la concurrence (ex Coca
cola)
En
résumé il pense qu’il ne faut pas taxer les innovateurs (ou du
moins pas autant que Piketty) mais taxer les rentiers et aussi
limiter les financements des partis politiques pour que les
élections ne soient pas biaisées par l’influence des plus riches.
Gaël
Giraud8
, Chef économiste à l’Agence Française de développement, va
encore plus loin puisqu’il propose, de
développer des biens communs en faisant un lien avec l’urgence de
lutter contre le réchauffement climatique :
« À
l’Agence française de développement, nous poussons beaucoup vers
la constitution de communs. Elinor
Ostrom a
reçu le prix Nobel
d’économie en 2009 pour ses travaux sur le sujet. Ceux-ci montrent
que, la plupart du temps, lorsqu’une ressource est privatisée,
elle est détruite. Si elle est confiée à la gestion publique, cela
donne parfois des catastrophes. La meilleure solution reste souvent
de la confier à des communautés locales, à condition que des
règles démocratiques et participatives soient mises en place pour
une gestion
raisonnable….On réapprend que ce qui compte, c’est le droit
d’usage des objets et non plus leur propriété. Comme pour le
Vélib’, où vous achetez un droit d’usage limité. Je pense que
les communs constituent notre voie de secours face au drame
écologique, vu la brièveté du délai dont nous disposons… »
Pierre–Jean
complète en évoquant l’existence d’un « 4ème
système » le dirigisme centralisé des ex pays communistes qui
décide des emplois, décrète un éventail des salaires réduit.
Cette société strictement dirigée suscite un maximum d’égalité
mais une perte de liberté et la création d’une caste de
privilégiés très difficile à dénoncer : les bureaucrates.
- CONCLUSION : DES PERSPECTIVES POUR L’AVENIR ?
7.1
DES CHOIX SONT ENCORE POSSIBLES :
Pour les auteurs du Rapport sur les inégalités mondiales,
l’aggravation des inégalités de revenus dans le monde n’est pas
une fatalité
Les
inégalités continueront à monter beaucoup
si l’ensemble des pays calquent leur trajectoire sur celle des
Etats Unis, un peu moins
si chaque pays continue à suivre sa propre trajectoire et
Les
inégalités … baisseront
si tous les pays suivent la trajectoire … de l’Union Européenne.
7.2
COMMENT FAIRE ?
7.2.1
Des mesures politiques :
Lutter
contre les inégalités de revenus et de patrimoines dans le monde
exige d’importants changements de politique fiscale au niveau
national et mondial. Les politiques éducatives, la gouvernance des
entreprises et les politiques salariales devront être revues dans de
nombreux pays. La transparence des données est aussi un enjeu
majeur9.
7.2.2
Changer d’indicateurs ?
Le PIB est resté
longtemps l’indicateur phare, basé exclusivement sur les richesses
monétaires. IL est critiqué depuis des années et
l'intérêt de travailler avec de nouveaux indicateurs est maintenant
reconnus par un nombre croissant d'institutions internationales, dont
le Parlement européen, le Conseil de l'Europe, l'OCDE et la Banque
mondiale, qui multiplient, depuis peu, colloques et expérimentations
sur le sujet. Jean
Gadrey10
estime que, la crise rend encore plus nécessaire le recours à de
nouveaux indicateurs, car cette crise est la conséquence de la
défaillance de la régulation financière, mais aussi du creusement
des inégalités sociales et de la crise écologique. Garder les yeux
rivés sur la croissance est le plus sûr moyen d'enchaîner les
crises. On a
besoin d'indicateurs et de repères nouveaux pour guider les
politiques et fixer un autre cap : celui de la cohésion sociale et
du bien-être, plutôt que celui du toujours plus. »
Et
Patrick Viveret11
prolonge : «
Plus les questions écologiques et sociétales - c'est-à-dire celles
qui peuvent assurer un développement durable - deviennent prégnantes
et plus on se rend compte que nos systèmes d'indicateurs actuels
sont contre-productifs.
Rien ne sert d'organiser des sommets de la terre, des conférences
sur le climat et la biodiversité, si les acteurs économiques, au
quotidien, sont incités à aller dans le sens d'une forme de
croissance insoutenable. Si
l'on veut être cohérent, il faut changer les indicateurs.
Nous sommes
aujourd'hui dans la situation d'un marin, qui aurait décidé de
changer de cap, mais dont les instruments de bord continueraient à
être réglés sur l'ancien cap. »
7.2.3
Le rôle des acteurs de la solidarité internationale ?
Qui
sont-ils : Agences de l’ONU ;
Etats, ONG et associations
Que
font-ils : Les textes internationaux :
déclaration des Droits de l’homme, de l’enfant, textes
internationaux sur les droits de femmes, sur l’environnement…. et
définissent des objectifs de progrès. Aujourd’hui les
17 Objectifs de développement durable
Qui
sont plus globaux et complexes que leurs prédécesseurs les OMD.
D’ailleurs
le N° 10 est : « Réduire les inégalités dans les
pays et d’un pays à l’autre »
Ces
textes et objectifs sont loin d’être respectés ou atteints mais
ils montrent une direction partagée à la communauté
internationale.
Les
ONG et associations12
qui outre leurs actions sur le terrain travaillent pour
une prise de conscience des populations………… et
récupérer des dons….
Juste
un exemple parmi des milliers (surtout en cette fin d’année) :
la dernière campagne d’OXFAM
« Nous
pouvons remettre en cause la concentration du pouvoir et des
richesses. Nous pouvons changer les règles pour assurer que les plus
riches paient leur juste part d’impôts. Nous pouvons exiger
plus de dépenses publiques pour la santé et l’éducation. Nous
pouvons réclamer une rémunération équitable pour toutes et tous.
Nous pouvons veiller à ce que les plus pauvres puissent se faire
entendre, et qu’ils le soient par celles et ceux qui exercent le
pouvoir.
L’extrême
pauvreté a diminué de moitié en 15 ans. Notre génération peut
être celle qui l’éliminera pour de bon. »
Les
ONG contribuent également à modifier les textes européens et les
Lois nationales en développant des activités
de lobbying auprès des élus et des institutions Bruxelles
notamment.
7.2.4
Et les populations avec les réseaux sociaux….
Les
réseaux sociaux ont multiplié les possibilités de contacts et
d’organisation d’individus à priori isolés. Les manifestations
qui existent depuis 2011 « les printemps arabe», et qui se
sont multiplié ces derniers mois dans de nombreux pays du monde se
sont largement appuyé sur ces technologies. Mais certains pays
savent aussi couper les réseaux sociaux pour garder le pouvoir.
Certains
pensent que c’est déjà trop tard, et même que l’effondrement
du monde est inéluctable.
D’autres
ont encore suffisamment d’espoir pour agir. On
peut maintenant en parler ?
Pierre-Jean
conclut… Concernant la diminution des inégalités, s’il y a des
perspectives techniques seront-elles suffisantes si demeure le
problème des valeurs ? Si nous persistons dans une culture de
l’individualisme échevelé par l’enrichissement et la
consommation ?
BIBLIOGRAPHIE :
- Rapport sur les inégalités mondiales 2018. Projet World Wealth and Income Database (WID, base de données sur le patrimoine et le revenu),
- L’Etat de la sécurité alimentaire et de la Nutrition dans le monde 2017. FAO/UNICEF
- Esther Duflo « repenser la pauvreté » 2009
- Thomas Piketty : « Capital et idéologie » en 2019 et « Capital au XXIe siècle » (Le Seuil) 2013
- Gaël Giraud : l’illusion financière 2010 Les éditions de l’Atelier
- Rapport OXFAM, 2018 « Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent », Oxfam International (Oxford Committee for Famine Relief) confédération composée de vingt organisations indépendantes de même sensibilité qui agissent « contre les injustices et la pauvreté ». Elles travaillent ensemble et en collaboration avec des partenaires locaux répartis dans près de cent pays. OXFAM France a été crée en 1988 (initialement Agir ici).
1
IN « Pourquoi les
inégalités sociales sont-elles en hausse? » Stéphane
Moulin, professeur au
département de Sociologie, Université de Montréal
2
Note de lecture de Pascal Fugier dans la revue interrogation n°6
3
Rapport de l’Insee paru le 16 octobre 2019
4
Piketty, le capital du 21ème
siècle
5
Kate
Pickett
et Richard
Wilkinson
sont tous deux professeurs d’épidémiologie aux Etats-Unis. Ils
sont les auteurs du livre Pour
vivre heureux vivons égaux ! (Les
liens qui libèrent, 2019),
6
IN Alternatives économiques du 10 octobre 2019
7
Dans l’Obs du 2 novembre 2019
8
IN Reporterre septembre 2019
9
Rapport sur les inégalités mondiales
10
Professeur émérite d'économie à
l'université Lille 1
11
Philosophe et conseiller référendaire à la
Cour des comptes
12
IL faudrait tout un Café-Philo pour parler des rôles de ce « monde
des ONG, 5ème entreprise mondiale »