10/01/2014, Sagesses bouddhistes, Sagesses philosophiques

En préparation de notre débat du 10 janvier, voici quelques textes sur le Bouddhisme :


LE BOUDHISME DE NICHIREN
Texte présenté par Martine LE CORRE – Pratiquante du Bouddhisme de Nichiren Daishonin



Contexte historique

Nichiren Daishonin est né le 16 Février 1222 à Kominato un petit  village de pêcheurs de la province d’Awa au Japon.

A l’âge de 12 ans, il entra au temple Seichô-ji, près de son village, où il étudia aussi bien les enseignements bouddhiques que laïques. Il fut ordonné moine à l’âge de 16 ans. Le caractère fragmentaire et contradictoire des divers enseignements bouddhiques de cette époque le troublait, aussi consacra-t’il les seizes années suivantes à séjourner dans les centres d’études bouddhiques les plus réputés du Japon où il étudia tous les sûtras disponibles et leurs commentaires, ainsi que les enseignements des différentes autres écoles.

A l’issue de cette période d’études très intense, il réalisa que, parmi tous les enseignements de Sakyamuni, le Sûtra du Lotus en était l’enseignement suprême.

Le 12 octobre 1279 NICHIREN inscrivit le Dai-Gohonzon, objet de culte destiné à tous les êtres humains pour leur permettre d’atteindre la bouddhéité.

Le bouddhisme de NICHIREN est arrivé en Europe il y a 40 ANS – En France nous sommes 15 OOO pratiquants.

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DOCTRINE DU BOUDDHISME DE NICHIREN DAISHONIN

L’intérêt du bouddhisme de Nichiren est de nous donner des outils pour améliorer notre vie.

En prenant la responsabilité de changer notre propre vie, nous pouvons sentir que nous avons aussi la capacité de transformer le monde dans lequel nous vivons et d’améliorer la condition humaine.



LA LOI DE CAUSE ET D’EFFET

Cette loi suprême établit que chaque cause que nous créons (par la pensée, la parole ou l’action) engendre un effet dans notre propre vie et dans notre environnement.



OBJECTIF ULTIME DU BOUDDHISME

La paix mondiale, basé sur le respect de la dignité fondamentale de toute vie. La réalisation de ce but commence déjà par la révolution intérieure de chaque personne.

La sagesse, le courage, la compassion et l’énergie que chacun développe en tant que résultats d’une profonde « révolution humaine » intérieure, influencent tout naturellement de façon positive tous les aspects de sa vie et au-delà. Ainsi améliorer sa vie familiale, son travail ou ses relations sociales par la pratique du bouddhisme est en soi contribuer à la réalisation de la paix mondiale.




TROIS ASPECTS FONDAMENTAUX de la pratique de NICHIREN

La foi – signifie croire en la Loi de la vie et des trésors de la vie humaine.

La pratique – Récitation d’un mantra et la lecture du sûtra deux fois par jour, ainsi que le partage de l’enseignement du bouddhisme avec les autres

L’étude – consiste en l’étude et la compréhension des enseignements bouddhiques pour les appliquer dans notre vie quotidienne.

 

LE KARMA

LA REVOLUTION COMPLETE ENGAGEE PAR NICHIREN restaure le concept  initial selon lequel la formation du karma, aussi bien que la possibilité de s’en libérer, dépend de chacun de nous, de sa volonté et de ses actions mais il  va plus loin : on ne subit plus son karma, on le transforme, et dans cette vie. Il ne s’agit pas de subir ni d’expier, mais de renforcer l’énergie de vie. Plus la force intérieure est grande, plus le karma semble léger, plus nous avons des chances de le changer.


NON DUALITE DE LA VIE ET DE L’ENVIRONNEMENT

Ce principe établit que la vie et son environnement sont inséparables et qu’ils sont en interaction l’un avec l’autre.


NON DUALITE DU CORPS ET DE L’ESPRIT

Ce principe explique que bien qu’en apparence distincts, ces deux aspects le corps (le physique, le matériel) et l’esprit (le spirituel, le mental) sont, en réalité les deux aspects d’une même entité, qu’ils sont réciproquement liés et de ce fait, inséparables. Ainsi, une souffrance morale entraîne une souffrance physique et vice versa.

 

LA VIE ET LA MORT

Le bouddhisme enseigne que la vie et la mort représentent les deux phases de l’existence auxquelles les être humains sont confrontés. Les personnes ordinaires que nous sommes peuvent considérer la vie comme ayant un commencement : la naissance, et une fin, la mort.

Toutefois, la perspective bouddhique va au-delà de cette vision des choses. Elle considère la vie comme une énergie inaltérable qui existe éternellement et qui, à certains moments, dans sa forme visible se nomme « vie » et crée le karma, tandis qu’à d’autres moments dans sa phase latente, s’appelle « mort », attendant une renaissance.

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LE BOUDDHISME ZEN SOTO
Textes présentés par Serge RENOUD, pratiquant du bouddhisme zen soto dans le lignage de Joshin Sensei


Je suis en équilibre sur mon nez !
Je suis en équilibre sur mon nez ! Vais-je tomber ? Équilibre… mouvement immobile, immobilité
dynamique, funambule de ma respiration, j'observe ce va-et-vient du souffle qui me pénètre et ressort de moi. 

Moi… qui ? Cet assemblage provisoire de sensations, d'émotions, de digestions, de circulations, ce ballet atomique de particules instables vielles et nouvelles, en perpétuels changement. Moi… ce livre lu hier, ce regard croisé ce matin dans le métro, cette migraine (angoisse ou mauvaise alimentation), ce souvenir d'un enfant dont je porte le nom encore ou d'un adolescent timide qui fut qui ? Mon frère, mon fils, mon ancêtre ou le reflet d'un souvenir lointain que j'assimile à un quelconque moi .

Je suis en équilibre sur mon nez ! Everest de nos illusions, vertige de cet éternel devenir qui fit rire Faust-Goethe : « Arrête-toi, instant, tu es si beau ! » En équilibre, ici et maintenant, l'instant, seule entrevue possible sur ce que l'on nomme pompeusement l'éternité.

Renversons la vapeur, retournons les mots (ont-ils un sens ?), le nez devient Zen et je respire l'odeur de l'encens que Taisen Deshimaru fit brûler dans ma chambre lorsque je le vis pour la dernière fois…il y a quelques années, quelques secondes, dans ma chambre, à Bruxelles où j'habitais alors…Joie de sa visite et mutuelle lucidité de cette rencontre que nous savions la dernière.

Je ne savais pas ce qu'était que le rire avant d'avoir connu Deshimaru, je ne savais pas ce qu'était
regarder, toucher, marcher, sentir, dormir, caresser un chat, suivre le vol d'une plume dans l'air, respirer ou me tenir en équilibre sur le bout de mon nez.

Nous avons, nous, les prétendus civilisés, inversé les valeurs ; il est peut-être encore temps, en éternuant un bon coup, de se retrouver dans l'autre sens, après tout l'Everest n'est peut-être qu'un puits de 8 848 mètres de profondeur, et mon nez la clé de mon Zen.

Je ne peux rien expliquer car je ne sais rien, sauf qu'en cas d'urgence Deshimaru est près de moi et se met à rire. Je vous conseille de ne pas prendre ce livre au sérieux. Il mérite beaucoup mieux que cela, il mérite votre amour, votre totale disponibilité et votre absence de limites.

Moi…Qui ? Je ne sais pas. Merci Taisen, de mon âme à mon âme.

Maurice BÉJART, préface du livre Zen (écrit par Michel Bovay, Laurent Kaltenbach, Evelyn De Smedt), édition Albin Michel 1993.




Entre-exister.
Si vous êtes poète, vous verrez clairement un nuage dans cette feuille de papier. Sans nuage, il n’y a pas de papier ; sans pluie les arbres ne poussent pas ; sans arbres, on ne peut pas faire de papier. Si le nuage n’existait pas, la feuille de papier n’existerait pas non plus. On peut donc dire que nuage et papier “entre-existent”. le mot “entre-exister” n’est pas encore dans le dictionnaire, mais on peut très bien le créer en combinant le préfixe “entre” et le verbe exister. Puisqu’il n’y a pas de papier sans nuage, disons que nuage et papier “entre-existent”.

Si nous regardons cette feuille de papier de plus près, nous y voyons aussi le soleil. sans soleil les arbres de la forêt ne poussent pas. En fait sans soleil rien ne pousse. Même pas nous. Alors nous savons que le soleil est aussi dans la feuille de papier. Papier et soleil “entre-existent”. Approchons-nous encore et nous voyons le bûcheron couper l’arbre et le transporter à l’usine pour qu’il soit transformé en papier. Nous voyons aussi le blé, parce qu’un bûcheron ne peut pas vivre sans son pain quotidien : la farine est aussi dans la feuille de papier. Le père et la mère du bûcheron aussi. En considérant les choses de cette manière, nous voyons que sans tous ces éléments, cette feuille de papier ne peut pas exister.

Si notre regard pénètre encore plus profondément, nous voyons que nous sommes aussi dans la feuille de papier. Ça, c’est plutôt facile, puisque nous regardons une feuille de papier, cette feuille fait partie de notre perception. Votre esprit est ici dans cette feuille et le mien y est aussi. Disons que tout est inclus dans cette feuille. Elle contient tout : le temps, l’espace, la terre, la pluie, le minerai, le soleil, le nuage, la rivière, la chaleur. Toutes ces choses co-existent avec cette feuille. C’est pourquoi je dis que le mot “entre-exister” devrait entrer dans le dictionnaire. Exister c’est “entre-exister”. Vous ne pouvez pas exister seul, de vous même. Vous ne pouvez exister qu’en interdépendance avec tout ce qui existe — comme cette feuille de papier.

Imaginons que nous retournions chaque élément à sa source, par exemple, le rayon de soleil au soleil. Pensez-vous que cette feuille de papier pourrait exister ? Non, sans soleil rien n’existe. Et si nous retournions le bûcheron à sa mère, nous n’aurons pas de papier non plus. En fait, cette feuille de
papier est faite d’élément “non-papier”. Or si nous retournons tous les éléments “non-papier” à
leur source, il n’y a plus de papier du tout. Sans ces éléments “non-papier”, tels que l’esprit, le bûcheron et le reste, le papier n’existe pas. L’univers entier est contenu dans cette mince feuille de papier.

Thich Nhat Hanh, The heart of understanding, 1988.