Présentation café philo du mardi 10 décembre 2019


Café-philo du 10 Décembre 2019
Le 10 décembre est chaque année, la journée des Droits de l’homme. L’égalité en fait partie.

RICHES ET PAUVRES SUR LA TERRE
Dans quelle mesure, l’inégalité entre les hommes est-elle acceptable ?
Anne VINCENT avec l’aide de Pierre-Jean DESSERTINE

INTRODUCTION : DES CHIFFRES QUI NOUS FONT BONDIR 
Des richesses générées en 2017, 82 % ont profité aux 1 % les plus riches de la population mondiale, alors que les 3,7 milliards de personnes qui forment la moitié la plus pauvre de la planète n’en ont rien vu. Source : Rapport OXFAM 2019 sur « Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent »,
10% de la population du monde vit ENCORE dans l’extrême pauvreté (moins d’1.9 dollars par jour en parité)
En France le taux de pauvreté a augmenté en 2018 : Selon les estimations de l'Insee, 14,7% de la population en France (+ 0,6 point sur un an) aurait un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté en 2018 (1000€ pour une personne seule, 2500 € pour une famille avec 2 enfants. Source INSEE.
Le 29 juillet 2019 est le jour où l'humanité a épuisé toutes les ressources naturelles normalement disponibles pour une année entière. Elle vit donc désormais "à crédit", selon Global Footprint Network.
Celles-ci ont été principalement utilisées par les pays riches : La France utilise chaque année presque 2 fois plus de ressources naturelles que ce qu’elle produit. La Suisse et l’Italie presque 5 fois et le Japon plus de 7 fois !!
Pierre-Jean Dessertine :
Il est intéressant de noter que ce n’est pas tant le fait des inégalités dans l’appropriation des biens que l’excès effarant de ces inégalités que ces chiffres mettent en évidence,
D’autre part la référence à la surexploitation des biens naturels (biens rendus disponibles par la vitalité de la biosphère) amène à faire un lien entre 2 excès : celui dans les relations entre les hommes et celui dans les relations de l’homme avec son environnement naturel,
L’excès est l’effet de l’incapacité à se donner des limites dans la satisfaction de ses désirs. On peut donc retenir que le problème contemporain des inégalités est lié à une culture de l’excès.
Rappelons que pour les anciens grecs qui ne connaissaient pas le péché, l’excès (hubris) était la faute morale par excellence.
  1. L’EGALITE, UN PRINCIPE DEVENU UNIVERSEL
L’égalité est une valeur ; Comme on l’a vu dans l’exposé de septembre, le fonctionnement démocratique renforce l’égalité.
Si l’égalité est une valeur partagée, les inégalités peuvent devenir insupportables.
En Grèce antique, l’égalité était donc déjà une valeur partagée par les démocrates de l’époque mais elle ne concernait que le groupe social concerné mais il pouvait y avoir de graves inégalités avec les autres groupes sociaux jusqu’à l’esclavage !!!
En France, c’est la révolution de 1789 et l’abolition des privilèges qui est à l’origine d’une notion d’égalité concernant toute la population du pays. L’égalité figure dans l’article 1er de la déclaration des Droits de l’homme et du citoyen de 1791, elle-même Inspirée de la déclaration de l'indépendance américaine de 1776 et de l'esprit philosophique du XVIIIème siècle. Ses dispositions font donc partie du droit positif français, et se placent au plus haut niveau de la hiérarchie des normes en France.
La Déclaration de 1789 inspire, au XIXème siècle, des textes similaires dans de nombreux pays d'Europe et d'Amérique latine. 
Le 10 décembre 1948, les 58 États Membres des Nations-Unies qui constituaient alors l’Assemblée générale ont adopté la Déclaration universelle des droits de l’homme à Paris au Palais de Chaillot, donnant une portée universelle à cette notion d’égalité, dès l’article 1er
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits »
Arrive-t-on pour autant à limité les inégalités ?
  1. LA NOTION D’INEGALITES
2.1 D’UN POINT DE VUE SOCIOLOGIQUE :
« La difficulté de la notion d’inégalité sociale est qu’elle constitue en soi un objet ambivalent Une inégalité est plus qu’une différence, mais moins qu’une injustice.
Ainsi, loin d’être une notion claire et objective, l’inégalité sociale est une notion floue et normative, sujette à des controverses philosophiques et des débats entre les acteurs1.
2.2 D’UN POINT DE VUE PHILOSOPHIQUE
Pierre-Jean Dessertine :
Pour clarifier l’ambivalence de la notion, il faut distinguer l’ordre des faits (ce qui se constate) de l’ordre du droit (ce qui sert de norme).
L’introduction mettait en évidence des faits d’inégalités choquant.
Par contre la notion d’égalité comme principe du droit, telle qu’elle est employée dans la Constitution, signifie que la loi est égale pour tous. C’est donc d’abord l’affirmation de l’abolition des privilèges et la reconnaissance des droits fondamentaux de l’être humain à tous les citoyens.
Les Grecs appelait cette égalité en droit isonomia – ce qui signifie « égalité par la loi » - : ils affirmaient par là le rejet de la tyrannie par le partage égal de la capacité à gouverner.

D’où 2 remarques :
- L’égalité de droit n’implique pas l’égalité de fait,
- Pourtant il y a des liens puisque une égalité de droit devrait faire circuler les inégalités de fait. Ainsi une inégalité de fait excessive, ou trop facilement transmissible et durable interroge le principe d’égalité de droit – il faut alors soupçonner les principes républicains d’ être subvertis par des lois particulières qui laissent l’espace pour que s’installent des privilèges (lobbies, corruption, échappement à l’impôt, surfacturation, etc.)

2.3 D’UN POINT DE VUE SOCIO-ECONOMIQUE :
Les inégalités sont vues de deux grands points de vue : celles qui concernent les richesses matérielles (argent et biens) appelées inégalités économiques, et celles qui sont liées à l’accès à des ressources sociales incluant toutes les possibilités d'actions humaines : politique, économique, culturelle, sociale, sexuelle, etc. 
Les inégalités économiques sont plus faciles à examiner car liées directement à des comparaisons d’ordre monétaire.
Les inégalités sociales sont d’ordres beaucoup plus variés. L’on peut citer les domaines de la santé et de l’espérance de vie, mais aussi la scolarité, la culture et les statuts respectifs de l’homme et de la femme, ou encore les origines ethniques…. Des indicateurs parfois complexes sont nécessaires pour en suivre l’évolution.
Au niveau mondial, des objectifs de réduction des problèmes sociaux les plus importants, ont été défini en 2000 par les Nations-Unies. On les appelle les OMD : objectifs du millénaire pour le développement. Il était prévu de les atteindre ou tout au moins d’en mesurer les progrès en 2015.
Ils concernent notamment la grande pauvreté, la faim, l’éducation primaire, l'égalité et l'autonomisation des femmes, la santé avec la réduction de la mortalité infantile et maternelle, et le combat contre les maladies. L’intérêt au niveau des inégalités porte sur le fait que des indicateurs de suivi ont été mis en place quasiment au niveau mondial.
Depuis ils ont été remplacés par les ODD (objectifs de développement durable) plus nombreux et recouvrant un champ plus vaste :

  1. QUEL EST LE SENTIMENT ACTUEL DES POPULATIONS EN FRANCE ET DANS LE MONDE PAR RAPPORT A LA CROISSANCE DES INEGALITES ?
Ce sentiment est partagé par beaucoup de français, mais aussi dans le monde :
En 2017, 26 000 personnes dans 28 pays ont été interrogées à ce sujet. Sur l’ensemble de cette population : 
  • 20 % pensent, à raison, que, durant les 2 dernières décennies, la pauvreté extrême a diminué dans le monde ;
  • 28 % ne savent pas ou estiment qu’elle n’a pas évolué ;
  • La majorité - 52 % - pensent à tort que la part de la population vivant dans une pauvreté extrême a augmenté dans les deux dernières décennies. 
Source Banque Mondiale

En France également :
Plus de trois Français sur quatre (78%) estiment que la société française est inégalitaire, selon le baromètre de la "société inclusive"* réalisé par l'institut Kantar Public pour la Fédération des Pupilles de l'enseignement public (PEP), publié en janvier 2019.
L'accès aux soins, l'emploi et le logement sont les domaines dans lesquels les inégalités sont jugées les plus graves:
Toujours dans cette enquête : le principe d’égalité entre tous les citoyens reste le principe républicain le plus important aux yeux des Français, suivi de la liberté d’expression et de la laïcité qui recule cependant en 2018.

  1. ET PLUS OBJECTIVEMENT ?
4.1 UNE EVOLUTION MONDIALE DES RAPPORTS ENTRE LES PAYS DE LA PLANETE
C’est en 1952, que le monde a été symboliquement partagé en trois : les pays développés : Amérique du Nord, Europe de l'Ouest, Japon, Australie…, les pays du bloc communiste, ou second monde : URSS, Chine, Europe de l'Est…). et les autres dits «sous-développés » qui forment le tiers-monde.
Les pays développés avaient pour la plupart profité de la révolution industrielle du 19ème et de la domination d’autres territoires (dont la colonisation). Leur PIB (on reviendra sur cet indicateur) était déjà important. Concernant les pays du bloc communiste, on ne savait pas trop ce qui s’y passait à l’époque.
Quant aux pays sous-développés c’est l'ensemble des pays africainsasiatiquesocéaniens ou du continent sud- américain en carence de développement. On les appelle maintenant pays les moins avancés (PMA).
Ils ne sont plus que 47 PMA : 33 en Afrique, 9 en Asie (coincés entre les 3 grands, Chine Russie Inde), 4 en Océanie et 1 en Amérique (Haïti) sur 193 pays reconnus par l’ONU.
Quasiment toute l’Amérique latine ou centrale, de nombreux pays d’Asie dont l’Inde et les pays de l'ancien bloc communiste et quelques pays d’Afrique ne sont plus des PMA mais font partie des Pays émergeants. Ce sont les pays dont le PIB (produit intérieur brut) est inférieur à celui des pays développés, mais qui connaissent une croissance économique rapide et importante, et leur niveau de vie et les structures socioéconomiques convergent vers ceux des pays développés.
Ensemble, ils représentent près de 50 % de la richesse créée dans le monde et les deux tiers de sa population. Parmi eux, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) sont les figures de proue, mais les MINT (Mexique, Indonésie, Nigeria et Turquie) constituent d'autres économies émergentes de premier ordre.
Globalement Il y aurait donc de grands progrès en matière de développement sur notre terre ? Essayons de voir comment évoluent les inégalités durant cette croissance rapide, toujours selon les points de vue sociaux et économiques
4.2 Les inégalités sociales
4.21 Dans le monde
(Rappel des résultats de l’étude Banque Mondiale, 52% croient que la pauvreté continue à augmenter)
Le bilan des OMD montre notamment pour la période 2000-2015, une baisse des taux de grande pauvreté et de malnutrition, de mortalité infantile et maternelle et un accroissement des % d’enfants scolarisés. Mais ce n’est jamais gagné, par exemple, concernant la sous-alimentation, après des années de baisse continue notamment de 2003 à 2015 on constate une remontée en 2016. Le changement climatique y est pour quelque chose. Aussi les nouveaux ODD des objectifs à l’horizon 2030 qui prolongent les OMD concernent également les modes de production, les écosystèmes etc…
4.2.2 En France :
Beaucoup d’études ont été faites sur les inégalités sociales depuis les années 60.
2 livres notamment ont fait référence :
Celui de Bourdieu et Passeron « Les héritiers » paru en 1964  qui montre la reproductibilité sociale des inégalités.
Dans cet ouvrage, Pierre Bourdieu montre l'existence, dans la société, de sous-groupes différents face à la culture. Et notamment l’accès aux études supérieures et il souligne l’importance de la culture apprise en dehors de l’école.
A l’époque du livre, un enfant d’ouvrier avait 42 fois moins de chance d’entrer à l’université qu’un enfant de cadre supérieur. Aujourd’hui il a toujours 42 fois moins de chances…. d’entrer dans une école normale supérieure2. L’on peut dire que le problème a juste été déplacé avec la démocratisation des études supérieures !
Et « Toujours plus ! » de François de Closet paru en 1984 :
« Au nom de l'égalité, les 54 millions de Français se proclament tous défavorisés et réclament plus d'argent mais aussi plus de droits, d'avantages, de loisirs et de garanties. "Toujours plus !" Au terme d'une enquête sans précédent, François de Closets dresse le nouveau palmarès des inégalités révélant les Français qui jouissent des plus hauts revenus, mais également ceux qui bénéficient de la sécurité de l'emploi, des rentes de situation, des privilèges fiscaux, des positions de monopole, du travail agréable, du temps libre, des protections renforcées, des promotions assurées, des avantages en nature, des statuts confortables et des primes généreuses. Ainsi est mise en évidence l'existence d'une France à l'abri de la crise, une véritable "privilégiature" qui englobe tout à la fois riches héritiers, opulents notaires, gros céréaliers et, plus modestes, les salariés des banques, d'E.D.F. ou des grandes entreprises. A l'opposé de ces puissantes corporations se trouve la France faible et inorganisée, celle des petits patrons, des ouvriers, des travailleurs précaires ou sans emplois. Preuves à l'appui, chiffres en main, c'est la coupure en deux de notre société qui est ici dénoncée ». Nous sommes seulement en 1984 et l’on a un fort sentiment d’actualité en lisant ces lignes.


Mais rappelons qu’actuellement, l’indice des inégalités et le taux de pauvreté ont augmenté en 20183. La France n’avait plus connu un tel accroissement depuis 2010. L’écart de niveau de vie des 20% de personnes les plus aisées avec celui des 20% les plus modestes a également légèrement augmenté. Le taux de pauvreté monétaire, calculé en fonction du nombre de personnes sous le seuil de pauvreté (égal à 60% du niveau de vie médian) a augmenté de 0.6 point, pour atteindre 14,7% de la population française. En 2018, 9,3 millions de Français seraient ainsi en situation de pauvreté monétaire.

4.3 Les inégalités économiques :
4.3.1 LA QUESTION DE LA MESURE DE LA RICHESSE
- Le sacro-saint PIB
L’outil de mesure des richesses, le plus ancien est le PIB crée en 1934
Le Produit Intérieur Brut (PIB) est la somme de la valeur ajoutée brute de tous les producteurs résidents d'une économie (un pays, un ensemble de pays…), plus toutes taxes sur les produits plus la valeur de la production des services publics et moins les subventions non incluses dans la valeur des produits. 
Cependant cet indicateur ne mesure que la richesse, ni le bien être, ni les nuisances produites et ne prend pas en compte toute l’économie informelle et le bénévolat.
Malgré les critiques, il continue à être utilisé comme indicateur de référence même si d’autres indicateurs ont été générés. Tel que L'Indice de Développement Humain (IDH) crée en 1990 se fondait sur trois critères : le PIB par habitant, l'espérance de vie à la naissance et le niveau d'éducation des enfants de 17 ans et plus. Et depuis 2010 il existe un Indice de développement humain ajusté selon les inégalités (IDHI).

  • Les mesures du World Inequality Lab
Avoir une mesure fiable des inégalités en matière de richesses afin de suivre leur évolution est une question complexe car de nombreux pays ne publient pas (et parfois même ne produisent pas) de statistiques détaillées et cohérentes sur les inégalités de revenus et de patrimoines. Les méthodes classiques de mesure des inégalités s’appuient souvent sur des enquêtes auprès des ménages, qui sous-estiment généralement les revenus et les patrimoines en haut de l’échelle sociale.
Une équipe mondiale de plus de 200 chercheurs regroupés au sein du World Inequality Lab a cependant mis au point une méthode d’évaluation les inégalités économiques mondiales.
« Cette méthode novatrice combine de manière systématique et transparente toutes les sources de données à notre disposition : revenus et patrimoines totaux estimés dans les comptabilités nationales (y compris, dans la mesure du possible, des estimations sur les avoirs offshore) ; enquêtes déclaratives sur le revenu et le patrimoine des ménages ; données fiscales issues de l’impôt sur le revenu ; données fiscales et administratives sur les successions et les patrimoines (quand elles existent) ; et classements des grandes fortunes »
Je me suis appuyée sur le Rapport sur les Inégalités mondiales qu’ils ont publié récemment
C’est le premier rapport, de ces chercheurs réunis au sein du projet World Wealth and Income Database (WID, une immense base de données sur le patrimoine et le revenu), parmi lesquels l’économiste français Thomas Piketty.

4.3.2 LES INEGALITES ECONOMIQUES AU NIVEAU MONDIAL
Les inégalités économiques se creusent
Selon ces chercheurs, depuis une quarantaine d’années, les inégalités augmentent dans presque tous les pays du monde. Depuis les années 1980, affirment-ils, les 1 % les plus riches ont profité deux fois plus de la croissance des revenus que les 50 % les plus pauvres. Et pour ceux qui sont entre les deux (les classes moyennes), les revenus ont soit stagné, soit baissé.
En 2016, le centile supérieur (les 1 % des revenus les plus élevés) a perçu 22 % du revenu mondial, contre 10 % pour les 50 % des plus bas revenus.
En 1980, le centile supérieur a perçu 16 % du revenu mondial, contre 8 % pour les 50 % des plus bas revenus.

Ces dernières décennies, les inégalités de revenus ont crû dans presque tous les pays, mais à des rythmes différents, Le développement des pays émergeants (Inde, Chine) a entrainé une croissance des inégalités dans ces pays mais de nombreuses personnes sont sorties de la pauvreté. Aux Etats Unis par contre, les inégalités se sont creusées fortement et la pauvreté a augmenté.
En France : Les inégalités de revenus qui ont été au plus haut (47%) avant la dernière guerre ont baissé. Depuis 1990 elles restent presque stationnaires avec les 10% les plus riches possédant 33% du revenu national4. En France et en Europe les inégalités de revenu et de patrimoine ont davantage été contenues que dans d’autres parties du monde. Les revenus de transfert (protection sociale) ont notamment joué leur rôle.
Ces dernières années on a voulu nous faire croire que continuer à enrichir les riches (ex : suppression de l’ISF) allait développer l’emploi pour tous mais les résultats palpables tardent à venir. Même si le taux de chômage diminue c’est la qualité et la rémunération des emplois proposés qui sont en cause avec la création d’une classe de « travailleurs pauvres ». Actuellement 1 million de français ayant un emploi vivent en dessous du seuil de pauvreté (60% de la médiane des niveaux de vie, actuellement 1000 euros)

  1. JUSQU’OU ACCEPTERA T’ON LES INEGALITES ?
5.1 Les façons de ne pas accepter
Pierre-JeanDessertine.
 L’inégalité est-elle en soi une mauvaise chose ?
L’inégalité est une différence qui permet la comparaison parce qu’elle porte sur des caractères de même nature : taille, poids, couleur de cheveux, richesse, niveau d’éducation, etc.
Dès lors on est tous inégaux parce que l’on est tous différents, et à de multiples points de vue,
On peut admettre que la racine du problème de l’inégalité est dans la tête de celui qui compare dans la mesure où il met dans la comparaison un jugement de valeur.
Comment l’inégalité devient-elle un problème social ?
Lorsqu’elle est vécue comme injuste.
Si l’inégalité est un fait, la justice est une valeur – c’est même la valeur fondamentale par laquelle on juge la vie sociale. Notre rêve à tous d’une société bonne est celui d’une société juste !
L’inégalité ne devient un problème qu’à partir du moment où elle heurte la valeur de justice – qu’à partir du moment où elle apparaît comme une injustice.
Notre véritable problème est l’injustice aujourd’hui dans le monde, abordée, non du côté de la naissance et des dispositions naturelles de chacun, non du côté de la violence et des persécutions, non du côté des malheurs contingents qui peuvent accabler les uns et épargner les autres (tremblements de terre, cyclones, pluies dévastatrices, volcanisme etc.) mais du côté des inégalités sociales installées.
C’est pourquoi l’on ne peut pas réfléchir valablement sur les inégalités comme problème social sans essayer d’éclairer la manière dont s’origine le jugement d’injustice.
Or, le jugement d’injustice a une origine, soit subjective, soit objective.
- Subjectivement, les pauvres se rebellent par sentiment d’injustice, ou le quidam se révolte par sentiment altruiste spontané en voyant l’indifférence au sort du laissés-pour-compte. C’est ce que Rousseau appelait notre « pitié naturelle » de laquelle il déduisait une solidarité humaine fondamentale, antérieure aux vices égoïstes liés au développement des sociétés.
- Objectivement, il relève du droit sociétal, où des principes qui l’inspirent en tant qu’ils sont validés par l’ensemble de la société.
Par exemple Locke écrivait en 1690 que, s’il est légitime que l’homme qui travaille un produit de la nature en acquiert la propriété, il doit se poser comme limite «  que les autres disposent en quantités suffisantes, de biens communs de même qualité ». Autrement dit l’injustice advient dès lors que ton appropriation met l’autre dans le besoin.
Benjamin Constant précisait, au début XIXème que la pauvreté ne doit jamais devenir telle qu’elle empêche un individu d’exercer ses libertés publiques. Là était son critère d’injustice.
L’américain John Rawls a théorisé ainsi la société juste (Théorie de la justice, 1971) :
- Chacun a droit au système de liberté le plus étendu qui reste compatible avec la liberté des autres.
- Admettre les inégalités de conditions économiques et sociales - sinon on a nécessairement un système dirigiste centralisé avec ses perversions : absence de liberté des individus et apparition d’une caste bureaucratique privilégiée.
- Choisir le système qui rend le sort des défavorisés le moins inacceptables possible, et pour cela toujours penser l’organisation de la société comme si nous ignorions la place qu’elle nous réservera, comme si nous pouvions nous retrouver-parmi les plus défavorisés,
Cette théorie est intéressante parce qu’elle déplace le critère d’évaluation de l’injustice. Au lieu de s’en tenir à une application objective de principes, elle introduit un motif empathique, c’est-à-dire subjectif : celui qui souffre le plus de l’inégalité ce peut être moi, ça a été moi, du moins en quelque lointain passé ceux de ma lignée, ce dont j’ai nécessairement quelque traces mnésiques en moi.
Si bien que la vérité de la justice est peut-être bien en chacun de nous, subjective donc, tout simplement parce que nous avons une connaissance, un vécu, de l’intolérable de l’injustice.
Proudhon (1858) : « La JUSTICE est (…) le respect, spontanément éprouvé et réciproquement garanti, de la dignité humaine, en quelque personne et dans quelque circonstance qu'elle se trouve compromise et à quelque risque que nous expose sa défense. …s'il y a aussi souvent opposition que solidarité d'intérêts entre les hommes, il y a toujours et essentiellement communauté de dignité, chose supérieure à l'intérêt.,, Je dois respecter et faire respecter mon prochain comme moi-même, »

5.2 Des signes de non acceptation
5.2.1 D’un point de vue « subjectif » Les populations :
En France : le ras le bol exprimé par les gilets jaunes est parti d’une goutte d’eau, l’augmentation de la taxe sur les carburants ce qui en soi est une mesure logique dans un contexte de réchauffement climatique. Mais celle-ci a fait déborder le vase.
Des mouvements de protestation ont lieu un peu partout dans le monde : Hong-Kong, Liban, Irak, Chili….. Certains y voient un signe de craquement généralisés de l’économie libérale

5.2.2 Et d’un point de vue « objectif », des chercheurs : nous alertent
Notamment ceux réunis au sein du projet WID, (base de données sur le patrimoine et le revenu), parmi lesquels l’économiste Thomas Piketty. Pour eux L’inégalité a des conséquences importantes sur la pauvreté dans le monde
Si tous les pays suivent la trajectoire d’inégalité de l’Europe entre 1980 et 2016, le revenu moyen de la moitié la plus pauvre de la population mondiale sera de 9 100 euros en 2050. Les estimations de revenus sont calculées en euros en appliquant la parité de pouvoir d’achat (PPALa PPA tient compte de la différence du coût de la vie d’un pays à l’autre. Les valeurs sont nettes d’inflation.
Mais aussi, pour Kate Pickett et Richard Wilkinson5, l’essentiel des maux dont souffrent nos sociétés est profondément lié aux inégalités. « Dans leur immense majorité, avec une grande constance, (nombres d’études) confirment que les sociétés inégalitaires font moins bien que les autres. Et la force des preuves en ce sens nous oblige à conclure que, au-delà de la simple corrélation statistique, nous sommes en présence d’un lien de nature causale. L’accroissement de l’inégalité nuit aux sociétés : il dégrade la santé et le bien-être humains. » L’inégalité expliquent-ils, agit notamment sur tous les problèmes dotés d’un gradient social, « c’est-à-dire ceux qui deviennent plus fréquents lorsqu’on descend l’échelle sociale », comme nombre de problèmes de santé (obésité, alcoolisme, diabète…), la violence, le mal-être des enfants, le taux d’incarcération, les maladies mentales et les problèmes psychologiques, la toxicomanie…: là où les disparités de revenus sont plus marquées, la population dans son ensemble souffre plus fortement de la compétition sociale et du déficit de confiance en soi

  1. DES SOLUTIONS : 6.1 Analyse rapide des causes :
Le rapport OXFAM , « Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent », publié, à la veille du Forum économique mondial qui rassemblera le gotha du monde politique et des affaires à Davos, en Suisse.
Ce rapport montre comment le système économique mondial permet à une élite fortunée d’accumuler d’immenses richesses, tandis que des centaines de millions de personnes peinent à survivre avec un salaire de misère.
Il précise les principaux facteurs qui contribuent à accroître les rémunérations des actionnaires et des dirigeant-e-s d’entreprise au détriment du salaire et des conditions de travail : l’érosion des droits des travailleurs, l’influence excessive des grandes entreprises sur les politiques publiques et la constante volonté des entreprises de réduire au minimum les coûts pour maximiser les dividendes des actionnaires.
Il comprend des chiffres-choc pour nous faire réfléchir : exemple
Le patrimoine des milliardaires a augmenté en moyenne de 13 % par an depuis 2010, soit six fois plus vite que la rémunération des travailleuses et travailleurs, qui n’a progressé que de 2 % par an en moyenne. Entre mars 2016 et mars 2017, le nombre de milliardaires a augmenté plus rapidement que jamais, à raison d’un nouveau milliardaire tous les deux jours.
Cependant les modes de calcul de ce rapport sont parfois critiqués (par ceux qu’il dérange ? )
6.2 Des chercheurs proposent des solutions
  • Sortir de la pauvreté avec Esther Duflo
  • diminuer les inégalités avec Thomas Piketty
  • et/ou changer de système avec Gaël Giraud…..

Esther Duflo prix Nobel d’économie 2019 et gloire locale (sa grand-mère maternelle vivait à Cucuron), propose des solutions pour diminuer la pauvreté : L'originalité d'Esther Duflo et de ses deux collègues chercheurs, son mari Abhijit Banerjee et le chercheur à Harvard Michael Kremer, réside dans leur approche expérimentale de la lutte contre la pauvreté. "L'idée est de dépasser les grandes questions générales et de composer ça en une série de problèmes beaucoup plus spécifiques et particuliers comme, par exemple, 'Pourquoi les enfants vont à l'école mais n'apprennent pas grand-chose ?'".Une fois la ou les questions posées, les chercheurs tentent de trouver une solution pour répondre aux problématiques spécifiques. Pour cela, ils essayent, explique Esther Duflo, "d'adopter une approche scientifique et en particulier de tester des solutions avec une méthode expérimentale qui ressemble à celles des essais cliniques pour les nouveaux médicaments". Cette méthode, proclament ses partisans, les « randomistes », a l’ambition de révolutionner les sciences économiques et les politiques sociales, de les sortir des carcans idéologiques, pour les faire entrer dans le pragmatisme et l’efficacité. En testant « ce qui marche » avec une rigueur inégalée, l’économie du développement entrerait dans l’âge de la science.
D’autres chercheurs, notamment Agnès Labrousse et Arthur Jatteau6, économistes ont étudié les expérimentations aléatoires ou randomisées. Ils constatent que ce type d’étude dans un milieu ouvert n’est pas évident : Il y a des risques concernant la rigueur des données et les liens de causalité De plus, les résultats ne sont pas transposables dans des contextes forcément différents. Enfin il est possible que le simple fait que des individus soient inclus dans une expérimentation aboutisse à modifier leur comportement.

L’AFD après avoir été enthousiaste, a abandonné ce type d’études et revient sur des évaluations plus qualitatives.
Ces méthodes semblent déconnectées de la réalité politique. Est-ce une manière de ne pas la remettre en question ? Ce n’est pas le cas d’autres chercheurs.
Thomas Piketty pense que si la mondialisation a sorti des centaines de million de personnes de la pauvreté, elle ne parvient pas à juguler la croissance spectaculaire des inégalités. Pour lui, l’inégalité n’est pas économique ou technologique, elle est idéologique et politique. Il veut montrer que les régimes inégalitaires, tel celui dans lequel nous vivons, ne sont pas irréversibles, et que les inégalités sociales, loin d’être naturelles, sont construites au XXIe siècle par un «récit propriétarise, entrepreneurial et méritocratique».
«Chaque société invente un récit idéologique pour justifier ses inégalités» Libération sept 2019
Il défend l’idée qu’on peut dépasser la propriété privée en instaurant une autre forme de propriété, sociale et temporaire, notamment concernant les entreprises de plafonner à 10 % les droits de vote de tout actionnaire individuel. Cela obligerait à une plus grande délibération, une plus grande circulation du pouvoir, des idées.
Il propose également de taxer à 90% les plus hauts revenus
Il parle de « dépasser le capitalisme »
Philipe Aghion7, un autre économiste répond à Piketty que « taxer les riches ne suffit pas »
Pour lui l’idéologie ne fait que justifier le changement, il croit davantage à la régulation du capitalisme avec la redistribution et la mobilité sociale. Pour lui plus la mobilité sociale est grande moins on constate d’inégalités globales. Il différentie la fortune obtenue suite à une innovation (ex Steve Job) et celle qui est une rente dont le propriétaire empêche la concurrence (ex Coca cola)
En résumé il pense qu’il ne faut pas taxer les innovateurs (ou du moins pas autant que Piketty) mais taxer les rentiers et aussi limiter les financements des partis politiques pour que les élections ne soient pas biaisées par l’influence des plus riches.
Gaël Giraud8 , Chef économiste à l’Agence Française de développement, va encore plus loin puisqu’il propose, de développer des biens communs en faisant un lien avec l’urgence de lutter contre le réchauffement climatique :
« À l’Agence française de développement, nous poussons beaucoup vers la constitution de communs. Elinor Ostrom a reçu le prix Nobel d’économie en 2009 pour ses travaux sur le sujet. Ceux-ci montrent que, la plupart du temps, lorsqu’une ressource est privatisée, elle est détruite. Si elle est confiée à la gestion publique, cela donne parfois des catastrophes. La meilleure solution reste souvent de la confier à des communautés locales, à condition que des règles démocratiques et participatives soient mises en place pour une gestion raisonnable….On réapprend que ce qui compte, c’est le droit d’usage des objets et non plus leur propriété. Comme pour le Vélib’, où vous achetez un droit d’usage limité. Je pense que les communs constituent notre voie de secours face au drame écologique, vu la brièveté du délai dont nous disposons… » 
Pierre–Jean complète en évoquant l’existence d’un « 4ème système » le dirigisme centralisé des ex pays communistes qui décide des emplois, décrète un éventail des salaires réduit. Cette société strictement dirigée suscite un maximum d’égalité mais une perte de liberté et la création d’une caste de privilégiés très difficile à dénoncer : les bureaucrates.

  1. CONCLUSION : DES PERSPECTIVES POUR L’AVENIR ?
7.1 DES CHOIX SONT ENCORE POSSIBLES :
Pour les auteurs du Rapport sur les inégalités mondiales, l’aggravation des inégalités de revenus dans le monde n’est pas une fatalité
Les inégalités continueront à monter beaucoup si l’ensemble des pays calquent leur trajectoire sur celle des Etats Unis, un peu moins si chaque pays continue à suivre sa propre trajectoire et
Les inégalités … baisseront si tous les pays suivent la trajectoire … de l’Union Européenne.
7.2 COMMENT FAIRE ?
7.2.1 Des mesures politiques :
Lutter contre les inégalités de revenus et de patrimoines dans le monde exige d’importants changements de politique fiscale au niveau national et mondial. Les politiques éducatives, la gouvernance des entreprises et les politiques salariales devront être revues dans de nombreux pays. La transparence des données est aussi un enjeu majeur9.
7.2.2 Changer d’indicateurs ?
Le PIB est resté longtemps l’indicateur phare, basé exclusivement sur les richesses monétaires. IL est critiqué depuis des années et l'intérêt de travailler avec de nouveaux indicateurs est maintenant reconnus par un nombre croissant d'institutions internationales, dont le Parlement européen, le Conseil de l'Europe, l'OCDE et la Banque mondiale, qui multiplient, depuis peu, colloques et expérimentations sur le sujet. Jean Gadrey10 estime que, la crise rend encore plus nécessaire le recours à de nouveaux indicateurs, car cette crise est la conséquence de la défaillance de la régulation financière, mais aussi du creusement des inégalités sociales et de la crise écologique. Garder les yeux rivés sur la croissance est le plus sûr moyen d'enchaîner les crises. On a besoin d'indicateurs et de repères nouveaux pour guider les politiques et fixer un autre cap : celui de la cohésion sociale et du bien-être, plutôt que celui du toujours plus. »
Et Patrick Viveret11 prolonge : « Plus les questions écologiques et sociétales - c'est-à-dire celles qui peuvent assurer un développement durable - deviennent prégnantes et plus on se rend compte que nos systèmes d'indicateurs actuels sont contre-productifs. Rien ne sert d'organiser des sommets de la terre, des conférences sur le climat et la biodiversité, si les acteurs économiques, au quotidien, sont incités à aller dans le sens d'une forme de croissance insoutenable. Si l'on veut être cohérent, il faut changer les indicateurs. Nous sommes aujourd'hui dans la situation d'un marin, qui aurait décidé de changer de cap, mais dont les instruments de bord continueraient à être réglés sur l'ancien cap. »

7.2.3 Le rôle des acteurs de la solidarité internationale ?
Qui sont-ils : Agences de l’ONU ; Etats, ONG et associations
Que font-ils : Les textes internationaux : déclaration des Droits de l’homme, de l’enfant, textes internationaux sur les droits de femmes, sur l’environnement…. et définissent des objectifs de progrès. Aujourd’hui les 17 Objectifs de développement durable
Qui sont plus globaux et complexes que leurs prédécesseurs les OMD.
D’ailleurs le N° 10  est : « Réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre »
Ces textes et objectifs sont loin d’être respectés ou atteints mais ils montrent une direction partagée à la communauté internationale.
Les ONG et associations12 qui outre leurs actions sur le terrain travaillent pour une prise de conscience des populations………… et récupérer des dons….
Juste un exemple parmi des milliers (surtout en cette fin d’année) : la dernière campagne d’OXFAM
« Nous pouvons remettre en cause la concentration du pouvoir et des richesses. Nous pouvons changer les règles pour assurer que les plus riches paient leur juste part d’impôts.  Nous pouvons exiger plus de dépenses publiques pour la santé et l’éducation. Nous pouvons réclamer une rémunération équitable pour toutes et tous. Nous pouvons veiller à ce que les plus pauvres puissent se faire entendre, et qu’ils le soient par celles et ceux qui exercent le pouvoir.
L’extrême pauvreté a diminué de moitié en 15 ans. Notre génération peut être celle qui l’éliminera pour de bon. »
Les ONG contribuent également à modifier les textes européens et les Lois nationales en développant des activités de lobbying auprès des élus et des institutions Bruxelles notamment.

7.2.4 Et les populations avec les réseaux sociaux….
Les réseaux sociaux ont multiplié les possibilités de contacts et d’organisation d’individus à priori isolés. Les manifestations qui existent depuis 2011 « les printemps arabe», et qui se sont multiplié ces derniers mois dans de nombreux pays du monde se sont largement appuyé sur ces technologies. Mais certains pays savent aussi couper les réseaux sociaux pour garder le pouvoir.
Certains pensent que c’est déjà trop tard, et même que l’effondrement du monde est inéluctable.
D’autres ont encore suffisamment d’espoir pour agir. On peut maintenant en parler ?

Pierre-Jean conclut… Concernant la diminution des inégalités, s’il y a des perspectives techniques seront-elles suffisantes si demeure le problème des valeurs ? Si nous persistons dans une culture de l’individualisme échevelé par l’enrichissement et la consommation ?

BIBLIOGRAPHIE :
  • Rapport sur les inégalités mondiales 2018. Projet World Wealth and Income Database (WID, base de données sur le patrimoine et le revenu),

  • L’Etat de la sécurité alimentaire et de la Nutrition dans le monde 2017. FAO/UNICEF

  • Esther Duflo « repenser la pauvreté » 2009

  • Thomas Piketty : « Capital et idéologie » en 2019 et « Capital au XXIe siècle » (Le Seuil) 2013

  • Gaël Giraud : l’illusion financière 2010 Les éditions de l’Atelier

  • Rapport OXFAM, 2018 « Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent », Oxfam International (Oxford Committee for Famine Relief)  confédération composée de vingt organisations indépendantes de même sensibilité qui agissent « contre les injustices et la pauvreté ». Elles travaillent ensemble et en collaboration avec des partenaires locaux répartis dans près de cent pays. OXFAM France a été crée en 1988 (initialement Agir ici).



1 IN « Pourquoi les inégalités sociales sont-elles en hausse? » Stéphane Moulin, professeur au département de Sociologie, Université de Montréal

2 Note de lecture de Pascal Fugier dans la revue interrogation n°6
3 Rapport de l’Insee paru le 16 octobre 2019
4 Piketty, le capital du 21ème siècle
5 Kate Pickett  et Richard Wilkinson  sont tous deux professeurs d’épidémiologie aux Etats-Unis. Ils sont les auteurs du livre Pour vivre heureux vivons égaux ! (Les liens qui libèrent, 2019),

6 IN Alternatives économiques du 10 octobre 2019
7 Dans l’Obs du 2 novembre 2019
8 IN Reporterre septembre 2019
9 Rapport sur les inégalités mondiales
10 Professeur émérite d'économie à l'université Lille 1
11 Philosophe et conseiller référendaire à la Cour des comptes
12 IL faudrait tout un Café-Philo pour parler des rôles de ce « monde des ONG, 5ème entreprise mondiale »