Cycle : Qui est l'homme écocidaire ?

Pierre Jean Dessertine animera, en janvier et février, au Chateau de Lourmarin, deux débats sur le thème de l'homme écocidaire :

Qui est l'homme écocidaire ?
Le dernier Rapport Planète Vivante, publié par la WWF, constate que l’effectif des populations vertébrées sur la planète – hors l’homme – a diminué de 30 % entre 1970 et 2008, et de 60 % pour les seules régions tropicales. Et, depuis 2008, il est certain que l’activité ravageuse de l’homme n’a fait que s’aggraver, ne serait-ce que par les menées de déforestation tropicale.
Dès l'année 2008, l’empreinte écologique humaine – les prélèvements humains  sur la biosphère – était déjà supérieure de plus de moitié à la biocapacité de notre planète.
On continue ?
Bien sûr, tout être humain sensé répond « Non ! »
Et pourtant, bien que l’orientation désastreuse de l’activité humaine soit d’opinion commune depuis au moins deux décennies, on continue !
Là est l’étonnement devant cette humanité de la seconde décennie du XXIème siècle : pourquoi la connaissance du précipice qui se rapproche ne l’amène-t-elle pas à réorienter son activité dans une direction qui lui donne un avenir ?
Pour surmonter la sidération d’un tel problème on peut transformer la question initiale.
Qui continue ? Qui est l'homme destructeur d'écosystèmes ? Qui est l'homme écocidaire ?
 
Mardi 27 janvier 2015

1- L'homme de travail

Certes, il faut reconnaître la responsabilité de quelques managers de multinationales, totalement inféodés à la course au profit marchand, s'exonérant de tout scrupule moral, dans les dégâts aujourd'hui constatés sur la biosphère. Mais peut-on s'en contenter ? Les mettre hors d'état de nuire ne résoudrait en effet pas notre problème puisque des milliers seraient prêts à les remplacer.
N'y a-t-il pas depuis deux siècles une activité démesurée – un activisme propre à l'espèce humaine sur notre planète ? Et n'est-ce pas à cet activisme qu'il faut rapporter les ravages constatés sur la biosphère ?
Cet activisme n'a-t-il pas partie liée avec la valorisation du travail ?
Mais le travail est-il le seul sens possible de l'activité humaine ? L'homme doit-il nécessairement travailler pour être pleinement humain ?

Mardi 24 février 2015
2- L'homme de passions

Décidément, s'efforcer de comprendre la frénésie travailleuse des hommes aujourd'hui, c'est faire apparaître une attitude déraisonnable dans leur rapport à leur environnement naturel. Et cette irrationalité ne se manifeste-telle pas tout autant dans les comportements de consommation ?
Comment rendre compte de cette irrationalité des comportements humains contemporains ? La très vénérable notion de « passion » peut nous y aider. Car la notion de passion renvoie à un passif de notre histoire.
Dans notre rapport à notre environnement naturel, ne sommes-nous pas tributaires d'un lourd vécu affectif mal expurgé hérité du passé de l'espèce ?
Et prendre conscience de ce vécu, n'est-ce pas la seule voie possible pour ne plus en dépendre passivement ?
Ne peut-on pas envisager alors que l'homme devienne enfin adulte dans ses rapports avec l'environnement naturel, c'est-à-dire qu'il les gère raisonnablement ?